Elizabeth Gaskell • Nord et Sud (1855)

Nord & Sud • Elizabeth Gaskell •  Points • 1855 • 685 pages

C’est le choc de deux Angleterre que le roman nous invite à découvrir : le Sud, paisible, rural et conservateur, et le Nord, industriel, énergique et âpre. Entre les deux, la figure de l’héroïne, la jeune et belle Margaret Hale. Après un long séjour à Londres chez sa tante, elle regagne le presbytère familial dans un village du sud de l’Angleterre. Peu après son retour, son père renonce à l’Eglise et déracine sa famille pour s’installer dans une ville du Nord. Margaret va devoir s’adapter à une nouvelle vie en découvrant le monde industriel avec ses grèves, sa brutalité et sa cruauté. Sa conscience sociale s’éveille à travers les liens qu’elle tisse avec certains ouvriers des filatures locales, et les rapports difficiles qui l’opposent à leur patron, John Thornton.

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J’ai toujours eu envie de tenter l’aventure de ce classique de la littérature victorienne. Il change des éternels Sherlock Holmes ou romans gothiques que je peux lire. Nord et Sud me rappelle plus les fresques sociales d’un Zola. L’intrigue se déroule principalement à Milton, ville industrielle du nord de l’Angleterre, et raconte l’histoire d’une famille du sud qui rencontre pour la première fois le monde ouvrier et patronal. Ce roman est un coup de coeur inattendu.

De nombreux aspects variés de cet ouvrage m’ont plu. Le premier tient à la traduction française qui n’est pas si mauvaise. Elle respecte relativement bien le style de l’époque, sans pour autant trop le moderniser. J’aurais préféré le lire en anglais pour réellement m’imprégner de la plume de l’auteur. Malheureusement, je ne l’avais qu’en français à ce moment. J’aime sa manière presque un brin trop lyrique, parfois dramatique, d’exprimer les sentiments. Ils font aussi le charme de ce roman. Tout comme les descriptions des lieux, des personnages et des différentes ambiances. Milton ne ressemble en rien à Helston, petite bourgade perdue dans la campagne anglaise. Durant ma lecture, je me suis souvent imaginée aux côtés de Margaret Hale durant ses visites ou promenades. Il n’est pas difficile de voir l’histoire s’animer.

Margaret est également un personnage qui a su me plaire. J’ai eu peur d’entreprendre cette aventure avec une jeune femme frivole, qui voit sa position se dégrader peu à peu, ennuyeuse et plaintive. Or, elle est d’une autre trempe. Certes, son abnégation est exemplaire, elle ne se plaint jamais. Elle peut parfois paraître un peu trop lisse. Cependant, c’est une femme qui est aussi moderne pour son époque, qui n’hésite pas à donner son avis et à prendre position, à faire preuve d’indépendance. Sa relation avec Monsieur Thorton reste classique de cette littérature et je n’ai pas pu m’empêcher à penser à Elizabeth Bennett et Monsieur Darcy. Je me suis toutefois prise au jeu du chat et de la souris, même si l’issue en est connue d’avance.

Nord et Sud est surtout un beau portrait de la société industrielle du nord de l’Angleterre. Elizabeth Gaskell excelle dans la description sociale de son époque. En lisant ce roman, je me suis rendu compte que l’auteur connaît parfaitement le sujet. Par le biais de son personnage principal, Margaret Hale, elle aborde autant les conditions de vie des ouvriers et des patrons, des enjeux des grèves, de l’état du commerce, des contraintes qui pèsent sur les patrons autant que sur les employés… Il y a des passages très intéressants où les points de vue s’affrontent, où Monsieur Thornton rappelle aussi les obligations qui lui sont imposées. Si, au début, Margaret prend position pour un parti, elle prend rapidement conscience qu’il existe d’autres vérités. J’ai apprécié que l’auteur ne se fige pas dans une seule opinion, en diabolisant l’une ou l’autre des parties.

Les classiques de l’époque victorienne sont résolument ceux que je préfère. Il me reste encore un certain nombre d’auteurs à découvrir. Après ce coup de coeur pour Elizabeth Gaskell, je pense lire d’autres ouvrages de sa bibliographie. Je suis aussi curieuse de voir la mini-série de la BBC avec notamment Richard Armitage dans le rôle de John Thornton. Leurs adaptations sont très bonnes et ils savent faire des period dramas comme personne !

26 réflexions sur “Elizabeth Gaskell • Nord et Sud (1855)

  1. J’ai tout simplement aime la serie…il m’arrive de la revoir de temps en temps….le couple Armitage et Denby-Ashe est vraiment beau….(oui la declaration m’a vraiment fait penser a celle de Darcy…la reponse a elizabeth !)…;)
    En tout cas il faut que je trouve le livre oui….

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  2. Une amie m’avait donné ce livre en anglais il y a quelques années en me disant qu’il était génial mais j’ai vite déchanté en constatant le nombre de pages et le style très dense de l’auteur. Du coup je ne l’ai pas lu mais ton article m’a redonné envie 🙂
    Je ne savais pas que la BBC avait adapté le roman mais cela doit être une belle réussite !

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    • Je pense que si tu n’as pas l’habitude de lire en anglais, il peut faire peur. C’est un style particulier celui de l’époque victorienne. Mais je ne peux que te le recommander. La BBC fait de très bonnes adaptations. Elle est même une des spécialistes pour ça.

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  3. J’ai tellement aimé ce roman, j’ai même envie de le relire. C’était une sacrée découverte. L’adaptation par la BBC est juste géniale ! Je me La regarde de temps à autre, quand l’homme est pas là. C’est un de mes films doudou

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  4. Tu m’avais déjà convaincu. Tu viens de me convaincre à nouveau. Hâte de commencer la lecture de ce livre. Très vraisemblablement début juillet, si je parviens à le trouver en cette fin de mois.

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  5. J’ai lu La sorcière de Salem de cette autrice et j’avais beaucoup aimé sa version de l’Histoire. Cela fait un petit moment que j’ai ce roman dans ma PAL et ta chronique me donne carrément envie de le sortir !

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