Bilan 2020

C’est avec aucun regret que je laisse 2020 se terminer. Comme pour beaucoup, cette année a été éprouvante à tout point de vue avec son lot de mauvaises nouvelles et de coups durs professionnels (je travaille dans la culture). Durant cette année, je me suis énormément réfugiée dans la lecture, à la fois pour faire passer le temps et supporter ces confinements qui m’ont pesé, je l’avoue. J’ai aussi repris en main de blog, abandonné pendant une bonne partie de 2019.

En janvier 2020, j’avais émis le souhait totalement fou et irréaliste de lire au moins 200 livres, soit le double de ce que je lis habituellement. Le pari n’a pas été si fou puisque j’ai lu très exactement 223 livres durant l’année, soit 72.205 pages. Merci les confinements !

2020 a été une année placée sous le signe des essais en histoire et en histoire de l’art. Ils représentent 28% de mes lectures. J’ai aussi redécouvert les classiques de la littérature française des XVIIIe et XIXe siècles avec Émile Zola, Voltaire et Rousseau et tête. Les classiques représentent 13,6% de ce que j’ai lu, soit 34 livres, dont une dizaine de classiques russes, allemands (dont le premier tome Guerre & Paix). Découverte de la littérature classique allemande avec un coup de coeur pour Les souffrances du jeune Werther.

Mon trois meilleures lectures de 2020

The Hollow Places de T. Kingfisher est un des meilleurs romans d’horreur que j’ai pu lire depuis bien longtemps. Je suis un petit en retard dans la publication de mes avis littéraires et celui-ci devrait arriver très prochainement. Je n’en dis donc pas plus. Mais c’est un de mes gros coups de coeur de l’année.

All the bad apples de Moïra Rowley-Doyle est un des livres qui m’a le plus marqué cette année : l’Irlande, la place de la femme, le réalisme magique qui se dégage de ce roman, une histoire de famille… J’ai adoré et je le relirai avec plaisir. Pour lire mon avis sur ce dernier, c’est par ici. [lien]

Enfin, The Year of the Witching d’Alexis Henderson… Un autre livre d’horreur, mais totalement différent du Kingfisher avec une société puritaine, des sorcières, des bains de sang… Gros coup de coeur pour ce premier roman d’horreur par une auteur à suivre. J’avais publié une chronique. [lien]

Mes trois plus grosses déceptions de 2020

Eoin Colfer signait son grand retour avec un roman pour les jeunes adultes, Highfire. J’ai adoré plus jeune les Artemis Fowl qui est une série avec laquelle j’ai grandi. Je n’ai pas du tout aimé ce nouveau livre. Pour savoir pourquoi je n’ai pas aimé cet ouvrage, voici mon billet. [lien]

Alors que je préparais cet article, je savais que Three Hours in Paris de Cara Black finirait dans mes déceptions de l’année. Je l’avais pourtant mis dans les sorties VO qui me tentaient, mais encore aujourd’hui, je ne sais pas si je dois rire ou pleurer devant ce livre… En tout cas, j’y ai lu la phrase la plus improbable de l’année. Ma chronique est à lire sur le blog. [lien]

Dernier livre dans mes déceptions, Cursed de Frank Miller et Thomas Wheeler. La série m’avait quelque peu laissé sur ma faim. J’avais envie d’avoir plus de développements et je me suis tournée vers le livre qui reste fidèle à la série… Et je n’y ai donc pas trouvé ce que j’espérais. J’avais publié un article sur le sujet. [lien]

J’en ai fini de mes coups de coeur et déceptions de l’année et j’avais envie de faire un tour d’horizons de mes résolutions prises début 2020 et si elles ont été tenues.

En premier lieu, je souhaitais lire une dizaine de pièces de théâtre. Même si j’en ai lu quelques unes, elles se comptent sur les doigts d’une seule main… Et encore. J’ai redécouvert quelques classiques comme Le mariage de Figaro de Beaumarchais ou Cyrano de Bergerac d’Edmond de Rostand. En revanche, j’ai réussi à lire les dix recueils de poésie avec autant des classiques que de la poésie contemporaines. J’ai relu Les Contemplations de Victor Hugo, Les fleurs du mal de Charles Baudelaire. J’ai dévoré le dernier recueil de Rupi Kaur, Home Body.

Je voulais également terminer quatre séries en cours. J’en ai fini trois, donc je suis plutôt contente.

J’espérai avoir une pile à lire à zéro à la fin du mois de décembre. Je termine l’année avec 21 livres qui attendent d’être lus. J’ai pas mal craqué la dernière semaine et j’ai fait quelques achats.

Le plus gros objectif de lecture que je m’étais fixée pour 2020 était de commencer et finir les Rougon-Macquart d’Émile Zola. J’en ai lu que cinq cette année, de La fortune des Rougon à La faute de l’abbé Mouret. La suite sera pour 2021, ayant déjà commandé le prochain, Son Excellence Eugène Rougon.

Une autre résolution, la dernière, était de lire une cinquantaine de romans ou essais en anglais. Record battu ! J’ai lu 86 romans en anglais. Je ne suis pas encore à 50/50, mais c’est tout de même un beau score. Je ne m’y attendais pas.

2020 n’a pas été une année aussi riche culturellement que je l’espérais, mais j’ai pu commencer l’année en allant aux ballets russes voir Casse-Noisette, qui est un de mes préférés (je vénère Tchaikovsky). Un merveilleux moment partagé avec l’une de mes petites soeurs. J’ai aussi visité quelques coins de la France que je ne connaissais pas, et notamment la Haute-Savoie. J’ai pu visiter le château de Montrottier, les Jardins Secrets de Vaulx, un endroit totalement hors du temps, le musée de la Résistance haut-savoyarde à Morette ainsi que la ville d’Annecy. En août, j’ai pris la direction d’Albi pour découvrir cette magnifique cité médiéval ainsi que les petites villes d’Ambialet et de Cordes-sur-Ciel. [article sur ces quelques jours dans le Tarn]

J’ai pu visiter le musée Toulouse-Lautrec ainsi que la rétrospective Christo et Jeanne-Claude au musée Würth d’Erstein. [compte-rendu de l’exposition]

Exposition Christo et Jeanne-Claude au Musée Würth (Erstein)

Jusqu’au 20 octobre 2020, le Musée Würth, à Erstein, propose une rétrospective de la carrière de Christo et Jeanne-Claude.

« Christo et Jeanne-Claude sont les artistes qui, de façon inimitable, sont arrivés à associer dans leur art la puissance individuelle de création aux méthodes des sociétés industrielles et post-industrielles : capitalisme, démocratie, enquête, expérience, collaboration et coopération. » Marina Volizey, critique britannique

Le Land Art est un mouvement de la création contemporaine qui apparaît dans les années 1960, notamment aux États-Unis. La volonté principale des artistes est le rejet de la commercialisation de l’art et, dans une certaine mesure, de son institutionnalisation, de son exposition au sein des galeries et musées.

Christo (1935-2020) est né en Bulgarie où il a commencé à étudier à l’Académie des Beaux-arts de Sofia. L’enseignement est marqué par la doctrine officielle du réalisme socialiste. Il ira à Prague avant de s’enfuir à Vienne, puis Genève et, enfin, Paris, en 1958. Il y rencontre Jeanne-Claude (1935-2009). Leur première collaboration intervient rapidement, dès 1961. Ils sont connus pour leurs travaux autour de l’emballage d’objets, puis de monuments plus ou moins importants. Ils ne se limitent pas qu’à cela et l’exposition montre environ 80 de leurs oeuvres, issues de la collection de Reinhold Würth. Cette rétrospective s’inscrit dans une double actualité, à la fois le décès de Christo en début d’année, et le dernier projet du couple dont la réalisation a été reportée à 2021 : l’emballement de l’Arc de Triomphe à Paris.

Wolfgang Volz, Christo et Jeanne-Claude devant le Pont Neuf, 1985

Comment exposer des oeuvres de Land Art, qui sont, par définition, monumentales et/ou éphémères ? En présentant les travaux préparatoires et les photographies des projets. Au sein de cette exposition, le visiteur pourra trouver un grand nombre de dessins techniques, de photomontages, mais également des vidéos et des maquettes, comme celle réalisée pour le Reichstag ou la documenta de Cassel. Ces travaux jouent un rôle essentiel dans la carrière du couple. En effet, c’est en vendant ces derniers qu’ils ont pu financer certaines de leurs réalisations. L’exposition du Musée Würth permet de bien se rendre compte du processus créatif mis en place par le couple d’artiste. Ce processus peut prendre de longues années, sans que Christo et Jeanne-Claude ne soient sûrs que le projet verra le jour. Ils parlent plutôt de période « software« , qui correspond à une phase de préparation, de présentation du projet auprès des autorités publiques et des habitants, et de négociations. A contrario, la phase dite « hardware » se rapporte à la concrétisation du projet, à son aboutissement. Elle est montrée par le biais des photographies de Wolfgang Volts, qui a été le photographe attitré du couple.

L’exposition évoque la relation des artistes à la nature. Leurs projets ont un impact sur l’environnement, à la fois par le choix des matériaux, le nombre de visiteurs qui peuvent contribuer sur certains sites, à la destruction de la faune et de la flore. Ce point est rapidement abordé dans la visite, notamment par le biais des négociations menées avec les pouvoirs publics qui peuvent accepter ou refuser un projet. Le propos s’attache plus aux devenirs des matériaux utilisés, parfois en grande quantité.

Vue de la scénographie de l’exposition

Le Musée Würth propose une nouvelle exposition d’art contemporain de qualité. Elle montre un grand nombre des projets principaux des artistes. La scénographie regroupe chaque projet avec ses dessins préparatoires, photomontages et photographies de la réalisation, et parfois les maquettes. Le propos est clair. Cependant, il y a indubitablement une esthétique qui se dégage de l’accrochage. Visuellement, sur certaines sections, les couleurs se répondent, attirent le regard et le visiteur. C’est un aspect primordial du travail de Christo et Jeanne-Claude : le rose des Surrounded Islands, Biscayne Bay, Greater Miami, Florida, 1980-83 ou le jaune de The Floating Piers, Project for Lake Iseo, Italy, 2014-16L’exposition se termine par une courte présentation du dernier projet du couple, l’Arc de Triomphe à Paris.

La programmation culturelle annexe mérite de s’y attarder. Outre des ateliers pédagogiques pour les enfants autour des objets empaquetés, qui ont été le point de départ des réflexions de Christo et Jeanne-Claude, un cycle de conférence est également proposé. La prochaine se déroule le samedi 24 octobre et a pour sujet L’art éphémère monumental.

Informations

Exposition Christo et Jeanne-Claude, Musée Würth, Erstein, 12 juillet 2020 – 20 octobre 2020. Fermeture les lundis et possibilité de visites guidées en français les dimanches sur réservation.

Site internet du Musée Würth

Site officiel de Christo et Jeanne-Claude