Elizabeth MacNeal • The Doll Factory (2019)

The Doll Factory • Elizabeth MacNeal • 2019 • Picador • 336 pages

London. 1850. The Great Exhibition is being erected in Hyde Park and among the crowd watching the spectacle two people meet. For Iris, an aspiring artist, it is the encounter of a moment – forgotten seconds later, but for Silas, a collector entranced by the strange and beautiful, that meeting marks a new beginning. 

When Iris is asked to model for pre-Raphaelite artist Louis Frost, she agrees on the condition that he will also teach her to paint. Suddenly her world begins to expand, to become a place of art and love.

But Silas has only thought of one thing since their meeting, and his obsession is darkening…

The Doll Factory est le premier roman de l’écrivaine écossaise, Elizabeth MacNeal dont l’inspiration lui vient d’un essai qu’elle a écrit durant ses études. Ce dernier portait sur la littérature anglaise des années 1850. Sur son site officiel, elle parle aussi de sa fascination pour Lizzie Suddal, muse et compagne de Dante Gabriel Rossetti, pour le Londres de cette époque, bouillonnante d’inspirations et d’ambitions que cristallise l’organisation de la toute première Exposition universelle de 1851. À cette occasion, le Crystal Palace sera construit.

Ce sont autant d’aspects historiques qui se retrouvent dans ce roman, pour mon plus grand bonheur. L’auteur évoque la construction du Crystal Palace, une des premières architectures de verre et d’acier et qui s’inspire des serres. En effet, Joseph Praxton (1803-1865), son concepteur, était avant tout un jardinier. Le roman fourmille de petites anecdotes historiques qui étoffent l’intrigue, la rendent vraisemblable, mais surtout elles donnent au lecteur l’impression de marcher au côté d’Iris dans le Londres de 1850. Une petite anecdote que j’ai adoré retrouver est celle autour des wombats, animaux que les Préraphaélites appréciaient énormément. La rumeur voulait que le wombat de Rossetti soit mort après avoir mangé une boîte de cigares… Rumeur fausse, bien entendu.

Il y a d’autres aspects historiques dans ce roman qui m’ont énormément plu et qui ne tiennent pas seulement à l’Exposition universelle. Il y a surtout la présence centrale des Préraphaélites, mouvement artistique anglais que j’adore et qui est largement abordé dans ce livre (de la place des artistes dans la société par rapport à l’Académie, le rôle important des critiques au XIX siècle qui se développent énormément, le rôle des muses, leurs méthodes de travail…). Il y a également tout un développement sur les conditions de vie et de travail des pauvres, notamment à travers le personnage tellement attachant d’Albie. Les femmes tiennent également un grand rôle dans cette intrigue. Elizabeth MacNeal montre bien la manière dont la femme était perçue à cette époque, la condition qui lui était assignée : épouse et mère ; travailleuse ou prostituée. La volonté de reconnaissance et d’ascension sociale est amplement évoquée avec Silas, un personnage qui fait froid dans le dos.

Cette impression est renforcée par, à la fois, son métier et sa psychologie. Elizabeth MacNeal a fait un excellent travail sur la description des différents personnages, mais pour Silas, je trouve qu’elle a mis un cran au-dessus. Dès sa première apparition, le lecteur sent qu’il y a quelque chose de malsain chez lui. Sa passion pour tout ce qui est morbide, les curiosités, la taxidermie ne joue pas en sa faveur. Je l’ai détesté et, tout au long du roman, j’ai espéré qu’il n’arrive jamais à ses fins, surtout après la révélation de certains secrets le concernant.

C’est à travers ce dernier que la tension psychologique du roman se crée. En le commençant, je ne m’attendais pas à ce qu’il prenne une telle direction. Mais, progressivement, d’un roman historique, The Doll Factory devient un thriller psychologique. Pour un premier roman, Elizabeth MacNeal m’a étonnée par sa maîtrise de la tension, du drame. J’ai retenu mon souffle tout au long des pages, tout en ayant beaucoup d’espoir, de la peur et de la colère. J’ai été prise dans cette intrigue rapidement, prenant à coeur le destin d’Iris.

J’ai beaucoup aimé cette jeune femme courageuse et brillante, elle ose sortir des conventions en suivant ses rêves de devenir une artiste. On peut réellement voir la fascination qu’a exercée Lizzie Suddal sur l’auteur à travers Iris. Elles partagent un certain nombre de points communs. Elles ont toutes les deux étaient découvertes alors qu’elles travaillaient dans des boutiques. Elles sont toutes les deux rousses, une couleur de cheveux qui obsédait les artistes préraphaélites. Elles sont toutes les deux muses et artistes. Cela peut donner quelques pistes de réflexion sur le destin d’Iris, même si je ne l’espère pas pour elle. Lizzie Suddal apparaît d’ailleurs dans le roman, aux côtés de Rossetti et Millais.

The Doll Factory a presque été un coup de coeur. Il y a quelques petits coups de mou parfois, entre l’introduction des personnages, puis quand l’aspect thriller psychologique commence réellement. Cependant, c’est vraiment un excellent roman, avec une écriture de qualité. Je serai curieuse de lire d’autres ouvrages de l’auteur et je recommande ce premier roman étonnant. Tout au long de ma lecture, je me suis dit que c’est le genre d’histoire que j’aimerais beaucoup voir adapter au cinéma ou en série.

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