Exposition L’Odyssée des femmes

J’ai pu profiter de quelques jours de vacances dans la région lyonnaise pour visiter le musée de Saint-Romain-en-Gal dont je voulais voir l’exposition L’Odyssée des femmes. Elle est présentée du 18 septembre 2021 au 2 janvier 2022.

Je ne pouvais pas rêver d’une exposition aux sujet et propos aussi parfaits et en phase avec mes goûts et passions. En effet, l’art et l’histoire antique me passionnent depuis que je suis toute petite. J’ai accès, bien des années après, ma licence d’histoire de l’art dans ce domaine. J’ai également lu un certain nombre d’oeuvres d’auteurs anciens, grecs et romains : L’Iliade et L’Odyssée d’Homère, La théogonie d’Hésiode, La Guerre des Gaules de Jules César ou Les Métamorphoses d’Ovide…

Or, le propos de L’Odyssée des femmes est justement de ramener sur le devant de la scène des héroïnes de l’Antiquité, réelles ou imaginaires. L’exposition lie littérature ancienne et contemporaine avec les objets du parcours permanent du musée. La présentation suit le même schéma : une petite fiche qui présente une de ces femmes, la manière dont elle est perçue par les auteurs de l’Antiquité et, ensuite, une à plusieurs réécritures sont citées et des objets en lien avec ces dernières sont présentées. Par exemple, Ariadne est présentée près de tout ce qui touche au lissage.

Le lien entre ses héroïnes et les objets de la collection est parfaitement signifié et pensé. Le visiteur voit parfaitement la logique qui a présidé ces choix, et l’entièreté du parcours est très bien investie. Par ailleurs, les modules d’exposition ne créent pas de chocs visuels avec ceux déjà en place. Le bois est largement présent dans les collections présentées. J’ai également apprécié les illustrations qui viennent donner un visage aux héroïnes.

J’ai cependant un petit regret concernant cette exposition. Je n’arrive pas à trouver une liste de toutes les réécritures de la mythologie gréco-romaine présentées dans l’exposition. J’en ai encore certaines en tête, mais pas toutes. J’aurais vraiment aimé l’avoir pour découvrir les ouvrages cités. J’en ai lu certains qui étaient mis en avant comme Circé de Madeline Miller ou L’odyssée de Pénélope de Margaret Atwood que j’ai lu il y a quelques semaines. Par ailleurs, le musée propose un coin lecture où il est possible de feuilleter des livres en lien avec le thème.

Cette exposition a été créée en partenariat avec le master Expographie-Muséographie de l’université d’Artois et l’École supérieure des Arts appliquées de la Martinière-Diderot de Lyon. Les étudiants ont fourni un travail fantastique. Je n’aurais pas pu rêver et je ne peux que la recommander. Le musée gallo-romain possède une collection très riche avec des mosaïques absolument magnifiques et un certain nombre de très belles maquettes. Je le connais par coeur, étant le premier musée que j’ai visité quand j’étais plus jeune, et je suis pourtant toujours émerveillée.

Bilan 2020

C’est avec aucun regret que je laisse 2020 se terminer. Comme pour beaucoup, cette année a été éprouvante à tout point de vue avec son lot de mauvaises nouvelles et de coups durs professionnels (je travaille dans la culture). Durant cette année, je me suis énormément réfugiée dans la lecture, à la fois pour faire passer le temps et supporter ces confinements qui m’ont pesé, je l’avoue. J’ai aussi repris en main de blog, abandonné pendant une bonne partie de 2019.

En janvier 2020, j’avais émis le souhait totalement fou et irréaliste de lire au moins 200 livres, soit le double de ce que je lis habituellement. Le pari n’a pas été si fou puisque j’ai lu très exactement 223 livres durant l’année, soit 72.205 pages. Merci les confinements !

2020 a été une année placée sous le signe des essais en histoire et en histoire de l’art. Ils représentent 28% de mes lectures. J’ai aussi redécouvert les classiques de la littérature française des XVIIIe et XIXe siècles avec Émile Zola, Voltaire et Rousseau et tête. Les classiques représentent 13,6% de ce que j’ai lu, soit 34 livres, dont une dizaine de classiques russes, allemands (dont le premier tome Guerre & Paix). Découverte de la littérature classique allemande avec un coup de coeur pour Les souffrances du jeune Werther.

Mon trois meilleures lectures de 2020

The Hollow Places de T. Kingfisher est un des meilleurs romans d’horreur que j’ai pu lire depuis bien longtemps. Je suis un petit en retard dans la publication de mes avis littéraires et celui-ci devrait arriver très prochainement. Je n’en dis donc pas plus. Mais c’est un de mes gros coups de coeur de l’année.

All the bad apples de Moïra Rowley-Doyle est un des livres qui m’a le plus marqué cette année : l’Irlande, la place de la femme, le réalisme magique qui se dégage de ce roman, une histoire de famille… J’ai adoré et je le relirai avec plaisir. Pour lire mon avis sur ce dernier, c’est par ici. [lien]

Enfin, The Year of the Witching d’Alexis Henderson… Un autre livre d’horreur, mais totalement différent du Kingfisher avec une société puritaine, des sorcières, des bains de sang… Gros coup de coeur pour ce premier roman d’horreur par une auteur à suivre. J’avais publié une chronique. [lien]

Mes trois plus grosses déceptions de 2020

Eoin Colfer signait son grand retour avec un roman pour les jeunes adultes, Highfire. J’ai adoré plus jeune les Artemis Fowl qui est une série avec laquelle j’ai grandi. Je n’ai pas du tout aimé ce nouveau livre. Pour savoir pourquoi je n’ai pas aimé cet ouvrage, voici mon billet. [lien]

Alors que je préparais cet article, je savais que Three Hours in Paris de Cara Black finirait dans mes déceptions de l’année. Je l’avais pourtant mis dans les sorties VO qui me tentaient, mais encore aujourd’hui, je ne sais pas si je dois rire ou pleurer devant ce livre… En tout cas, j’y ai lu la phrase la plus improbable de l’année. Ma chronique est à lire sur le blog. [lien]

Dernier livre dans mes déceptions, Cursed de Frank Miller et Thomas Wheeler. La série m’avait quelque peu laissé sur ma faim. J’avais envie d’avoir plus de développements et je me suis tournée vers le livre qui reste fidèle à la série… Et je n’y ai donc pas trouvé ce que j’espérais. J’avais publié un article sur le sujet. [lien]

J’en ai fini de mes coups de coeur et déceptions de l’année et j’avais envie de faire un tour d’horizons de mes résolutions prises début 2020 et si elles ont été tenues.

En premier lieu, je souhaitais lire une dizaine de pièces de théâtre. Même si j’en ai lu quelques unes, elles se comptent sur les doigts d’une seule main… Et encore. J’ai redécouvert quelques classiques comme Le mariage de Figaro de Beaumarchais ou Cyrano de Bergerac d’Edmond de Rostand. En revanche, j’ai réussi à lire les dix recueils de poésie avec autant des classiques que de la poésie contemporaines. J’ai relu Les Contemplations de Victor Hugo, Les fleurs du mal de Charles Baudelaire. J’ai dévoré le dernier recueil de Rupi Kaur, Home Body.

Je voulais également terminer quatre séries en cours. J’en ai fini trois, donc je suis plutôt contente.

J’espérai avoir une pile à lire à zéro à la fin du mois de décembre. Je termine l’année avec 21 livres qui attendent d’être lus. J’ai pas mal craqué la dernière semaine et j’ai fait quelques achats.

Le plus gros objectif de lecture que je m’étais fixée pour 2020 était de commencer et finir les Rougon-Macquart d’Émile Zola. J’en ai lu que cinq cette année, de La fortune des Rougon à La faute de l’abbé Mouret. La suite sera pour 2021, ayant déjà commandé le prochain, Son Excellence Eugène Rougon.

Une autre résolution, la dernière, était de lire une cinquantaine de romans ou essais en anglais. Record battu ! J’ai lu 86 romans en anglais. Je ne suis pas encore à 50/50, mais c’est tout de même un beau score. Je ne m’y attendais pas.

2020 n’a pas été une année aussi riche culturellement que je l’espérais, mais j’ai pu commencer l’année en allant aux ballets russes voir Casse-Noisette, qui est un de mes préférés (je vénère Tchaikovsky). Un merveilleux moment partagé avec l’une de mes petites soeurs. J’ai aussi visité quelques coins de la France que je ne connaissais pas, et notamment la Haute-Savoie. J’ai pu visiter le château de Montrottier, les Jardins Secrets de Vaulx, un endroit totalement hors du temps, le musée de la Résistance haut-savoyarde à Morette ainsi que la ville d’Annecy. En août, j’ai pris la direction d’Albi pour découvrir cette magnifique cité médiéval ainsi que les petites villes d’Ambialet et de Cordes-sur-Ciel. [article sur ces quelques jours dans le Tarn]

J’ai pu visiter le musée Toulouse-Lautrec ainsi que la rétrospective Christo et Jeanne-Claude au musée Würth d’Erstein. [compte-rendu de l’exposition]

Exposition Christo et Jeanne-Claude au Musée Würth (Erstein)

Jusqu’au 20 octobre 2020, le Musée Würth, à Erstein, propose une rétrospective de la carrière de Christo et Jeanne-Claude.

« Christo et Jeanne-Claude sont les artistes qui, de façon inimitable, sont arrivés à associer dans leur art la puissance individuelle de création aux méthodes des sociétés industrielles et post-industrielles : capitalisme, démocratie, enquête, expérience, collaboration et coopération. » Marina Volizey, critique britannique

Le Land Art est un mouvement de la création contemporaine qui apparaît dans les années 1960, notamment aux États-Unis. La volonté principale des artistes est le rejet de la commercialisation de l’art et, dans une certaine mesure, de son institutionnalisation, de son exposition au sein des galeries et musées.

Christo (1935-2020) est né en Bulgarie où il a commencé à étudier à l’Académie des Beaux-arts de Sofia. L’enseignement est marqué par la doctrine officielle du réalisme socialiste. Il ira à Prague avant de s’enfuir à Vienne, puis Genève et, enfin, Paris, en 1958. Il y rencontre Jeanne-Claude (1935-2009). Leur première collaboration intervient rapidement, dès 1961. Ils sont connus pour leurs travaux autour de l’emballage d’objets, puis de monuments plus ou moins importants. Ils ne se limitent pas qu’à cela et l’exposition montre environ 80 de leurs oeuvres, issues de la collection de Reinhold Würth. Cette rétrospective s’inscrit dans une double actualité, à la fois le décès de Christo en début d’année, et le dernier projet du couple dont la réalisation a été reportée à 2021 : l’emballement de l’Arc de Triomphe à Paris.

Wolfgang Volz, Christo et Jeanne-Claude devant le Pont Neuf, 1985

Comment exposer des oeuvres de Land Art, qui sont, par définition, monumentales et/ou éphémères ? En présentant les travaux préparatoires et les photographies des projets. Au sein de cette exposition, le visiteur pourra trouver un grand nombre de dessins techniques, de photomontages, mais également des vidéos et des maquettes, comme celle réalisée pour le Reichstag ou la documenta de Cassel. Ces travaux jouent un rôle essentiel dans la carrière du couple. En effet, c’est en vendant ces derniers qu’ils ont pu financer certaines de leurs réalisations. L’exposition du Musée Würth permet de bien se rendre compte du processus créatif mis en place par le couple d’artiste. Ce processus peut prendre de longues années, sans que Christo et Jeanne-Claude ne soient sûrs que le projet verra le jour. Ils parlent plutôt de période « software« , qui correspond à une phase de préparation, de présentation du projet auprès des autorités publiques et des habitants, et de négociations. A contrario, la phase dite « hardware » se rapporte à la concrétisation du projet, à son aboutissement. Elle est montrée par le biais des photographies de Wolfgang Volts, qui a été le photographe attitré du couple.

L’exposition évoque la relation des artistes à la nature. Leurs projets ont un impact sur l’environnement, à la fois par le choix des matériaux, le nombre de visiteurs qui peuvent contribuer sur certains sites, à la destruction de la faune et de la flore. Ce point est rapidement abordé dans la visite, notamment par le biais des négociations menées avec les pouvoirs publics qui peuvent accepter ou refuser un projet. Le propos s’attache plus aux devenirs des matériaux utilisés, parfois en grande quantité.

Vue de la scénographie de l’exposition

Le Musée Würth propose une nouvelle exposition d’art contemporain de qualité. Elle montre un grand nombre des projets principaux des artistes. La scénographie regroupe chaque projet avec ses dessins préparatoires, photomontages et photographies de la réalisation, et parfois les maquettes. Le propos est clair. Cependant, il y a indubitablement une esthétique qui se dégage de l’accrochage. Visuellement, sur certaines sections, les couleurs se répondent, attirent le regard et le visiteur. C’est un aspect primordial du travail de Christo et Jeanne-Claude : le rose des Surrounded Islands, Biscayne Bay, Greater Miami, Florida, 1980-83 ou le jaune de The Floating Piers, Project for Lake Iseo, Italy, 2014-16L’exposition se termine par une courte présentation du dernier projet du couple, l’Arc de Triomphe à Paris.

La programmation culturelle annexe mérite de s’y attarder. Outre des ateliers pédagogiques pour les enfants autour des objets empaquetés, qui ont été le point de départ des réflexions de Christo et Jeanne-Claude, un cycle de conférence est également proposé. La prochaine se déroule le samedi 24 octobre et a pour sujet L’art éphémère monumental.

Informations

Exposition Christo et Jeanne-Claude, Musée Würth, Erstein, 12 juillet 2020 – 20 octobre 2020. Fermeture les lundis et possibilité de visites guidées en français les dimanches sur réservation.

Site internet du Musée Würth

Site officiel de Christo et Jeanne-Claude

Le Musée de la Romanité de Nîmes et ses dispositifs numériques

Depuis toute jeune, l’Antiquité romaine est une période historique qui me fascine et sur laquelle j’ai pu mettre l’accent durant mes années de licence d’Histoire de l’art. Au début de l’été 2018, la ville de Nîmes a inauguré un nouveau musée retraçant l’histoire et l’évolution de la ville durant cette période. Il est l’un des plus grands d’Europe dédié à ce sujet. J’aurai pu parler de l’architecture, de la scénographie… Mais les dispositifs numériques d’aide à la médiation sont omniprésents au sein de cette nouvelle institution. J’en ai jamais vu autant et, tout au long du parcours muséographique, il y en a 65.

Que trouvons-nous parmi ces dispositifs numériques ?

Des projections immersives avec notamment des reconstitutions en trois dimensions de monuments qui ne sont plus visibles en élévation comme le sanctuaire de la Fontaine, des cartes interactives, de nombreuses vidéos explicatives, des dispositifs de réalité augmentée pour se déguiser en romain(e)… Il y a des applications vraiment variées et le Musée de la Romanité est un parfait exemple de ce que le numérique peut apporter à un musée, notamment en terme de médiation et d’expérience immersive.

Ce type de dispositifs se développe très vite et devient quasiment une évidence, surtout pour des musées nouvellement crées. La question de la place du numérique dans les institutions est un des grands thèmes liés au monde de la culture qui me passionne avec la restitution d’oeuvres d’art.

Qu’ai-je pensé de ces dispositifs ? Qu’est-ce que j’en retiens ?

L’émerveillement avant la lassitude

Dès le début du parcours, les dispositifs de médiation numériques sont présents et ils s’enchainent rapidement. Dans chacune des salles, il peut y avoir jusqu’à deux ou trois dispositifs différents. Au début, je dois avouer que j’ai été émerveillée par leur diversité et l’envie de tout tester était présente. Je me suis prise au jeu, allant presque tout de suite vers les bornes en entrant dans la salle d’exposition et puis, au bout d’un moment, je les ai délaissées pour ne quasiment plus les regarder à partir du milieu du parcours.

Une petite overdose se fait ressentir à force. Par mes études, mais également mes préférences personnelles, j’aime l’objet, pouvoir l’admirer et voir ce qu’il peut m’apprendre en premier lieu, sans avoir besoin de recourir tout de suite à une médiation, sous quelques formes que ce soient. Avec cette démultiplication du numérique, j’ai presque oublié l’objet en lui-même. Or, c’est pour ça que je me déplace dans un musée ou toute autre institution culturelles, pour admirer des oeuvres et non des tablettes numériques et autres dispositifs. J’ai vraiment trouvé qu’il y en avait beaucoup trop, surtout devant la beauté et la richesse des collections, qui se trouvent occultées par ces derniers. Pour donner un exemple, je n’ai pas compris pourquoi ils ont doublé de très jolies maquettes des lieux et monuments de Nîmes, qui parlent clairement d’elles-mêmes, de vidéos ou petits programmes d’immersion sur tablette. Et ce d’autres plus que je ne les ai pas trouvé très intuitifs.

Des aspects intéressants de ces médiations numériques

Je ne regrette pas tous les dispositifs numériques mis en place par le Musée de la Romanité, bien au contraire. Je regrette juste que certains ne présentent au final qu’un intérêt limité. D’autres ont vraiment été passionnants, apportant une réelle plus-value durant la visite. Ce sont eux que je retiens, même quelques semaines après ma visite. Ils auraient presque tous dû être ainsi. J’en garde trois en mémoire.

Le premier concerne les cartes. J’ai vraiment adoré la manière dont elles bougent pour montrer les flux migratoires ou les échanges commerciaux, le mouvement des frontières de l’Empire romain, l’expansion de la ville de Nîmes sur un support en relief reprenant la topographie des lieux par une projection zénithale. Animer ces différents éléments est tout simplement une idée brillante, à mon avis. J’ai toujours eu quelques soucis avec la géographie, la topographie, de visualiser des changements dans le temps. Avec ces cartes, j’ai pu visualiser parfaitement et me rendre plus facilement compte de certains aspects. Je fonctionne beaucoup par le visuel et elles étaient faite pour moi, car j’ai tendance à fuir les cartes simples habituellement. Le tout est fait de manière très claire et chaque couche d’informations vient progressivement pour un outil numérique à la fois pédagogique et ludique.

Le monde roman nous a laissé un large corpus d’inscriptions épigraphiques. Ce ne sont pas forcément les objets les plus faciles à mettre en valeur pour le public. Or, la manière dont elle sont valorisées et expliquées est très intelligente et elle rend ce type d’objets beaucoup plus accessibles. Ils ont mis en lumière l’inscription latine pendant quelques minutes, puis, toujours en projetant sur le bloc, une petite animation donne les principaux éléments d’explication et de contexte. Je n’ai jamais vu cela alors que je fréquente beaucoup ce type de musées qui ont ma préférence. J’ai adoré cette idée de voir la pierre s’animer et raconter son histoire. Pour moi, un musée, ce sont des objets qui racontent une histoire, la leur ou la grande Histoire… Avec ce dispositif, nous sommes pleinement dans ce concept et c’était incroyable et vraiment très bien réalisé.

Le troisième et dernier point de l’utilisation du numérique dans le parcours est quand je suis arrivée à la partie consacrée à la vie quotidienne où les fresques et les mosaïques sont présentées. Personnellement, ce sont deux catégories d’art que j’adore et admire. Je peux rester des heures devant une mosaïque. Afin de donner une idée de ce à quoi pouvait ressembler un intérieur roman, ils ont utilisé le numérique et toutes les possibilités qu’il peut offrir en proposant des reconstitutions avec les mosaïques au sol et la projection sur les murs des décors qui ont été retrouvés lors de fouilles. Ou bien, à partir des fragments de peintures murales retrouvées, de recomposer via la projection, l’entièreté du décor…

Le Musée de la Romanité présente une véritable diversité des dispositifs numériques. Peut-être trop à mon goût et, au final, je ne garde en souvenir que trois en particulier qui m’ont réellement intéressant et qui augmentent l’expérience de visite en apportant des informations complémentaires ou de manière plus claire. Le reste ne m’a pas marqué, parfois même, il était en trop.

I am a Man, la dernière exposition photo du Pavillon Populaire de Montpellier

Durant la saison 2018, le Pavillon Populaire de Montpellier, lieu dédié aux expositions photographiques, a choisi d’explorer les liens existants entre la photographie documentaire et l’histoire, la recherche ethnographique. Elle se clôture par une exposition qui présente trois cent photos autour des luttes pour les droits civiques de la communauté afro-américaine dans les années 1960-1970 dans le sud des États-Unis. Le commissariat a été confié à William Ferris, spécialiste de la culture sudiste américaine.

La qualité exceptionnelle de cette exposition se doit d’être soulignée. Elle tient au nombre de clichés qui ont pu être rassemblés. Près de trois cent clichés rendent compte de ce combat. La plupart d’entre eux ont été pris par des photo-journalistes locaux ou des amateurs proches de ces mouvements. Ils nous rappellent leurs luttes à la fois au quotidien et par les grands événements tels que la marche sur Washington, menée par Martin Luther King.

Le parcours commence par les conditions de vie sociales et économiques de cette communauté en montrant également la ségrégation raciale dans ses formes les plus visibles comme la distinction entre les toilettes pour « colored people » et ceux pour les autres. Ensuite, c’est la conquête des droits civiques. La violence est présente, sans pour autant montrer une seule goutte de sang. Elle se dévoile par les actes, comme avec la série de photographies autour de James Meredith, le premier étudiant de couleur admis au sein d’une université du sud, ou par les mots à travers certaines pancartes de manifestants. Elle se développe également au sein de l’avant-dernière section de l’exposition qui présente le Ku Klux Klan et la violence psychologique que certains klans utilisaient.

Cette (re)découverte des luttes pour les droits civiques se clôture par l’assassinat et les funérailles de Martin Luther King. Une des dernières photographies présentées est celle de Bob Alderman, Manifestant brandissant une pancarte pendant la cérémonie commémorative du Dr. King, pancarte qui a donné son titre à l’exposition, I am a man. C’est cette dernière qui reste en tête une fois la visite de l’exposition terminée par la force de son message qui conclue parfaitement toute cette lutte, cette conquête des droits civiques pour les Afro-américains durant ces deux décennies charnières que sont les années 1960-1970. Pourtant, cette photographie a un goût doux-amer. Elle fait écho à l’actualité du moment et à l’émergence du mouvement Black Lives Matter qui s’est développé en réaction aux violences policières envers les Noirs aux États-Unis. Ces échos se retrouvent également dans la littérature ou dans la protection cinématographique .

Avec cette dernière exposition, le Pavillon Populaire réussit son pari de dévoiler les liens entre la photographie documentaire et la manière dont un discours historique peut se construire, chacun n’excluant pas l’autre. Elle reste toujours d’actualité, malgré les cinquante ans qui nous sépare de ces photographies.

La Culture avec un grand A et du latte #5

Le bilan de septembre est plutôt léger comparé aux mois d’été. Avec un déménagement et la rentrée, je n’ai pas autant lu et vu de films que je l’aurai souhaité. En revanche, j’ai largement profité de mes quelques jours de vacances pour découvrir Montpellier. Il m’a fallu deux jours pour tomber sous le charme de cette ville.

De la ville, j’ai pu découvrir, lors des Journées Européennes du patrimoine, l’impressionnante cathédrale Saint-Jean, l’ancienne faculté de médecine et la chapelle Sainte-Foy. J’ai aussi passé une après-midi au château de Bournazel pour un colloque autour de l’objet à la Renaissance. Le cadre est absolument sublime. J’ai aussi fait quelques expositions, qui, malheureusement, sont déjà finies. Il y a d’abord eu deux expositions photographiques : Un dictateur en images sur les photographies prises par Heinrich Hoffmann, photographe attitré d’Adolph Hitler de son ascension jusqu’à sa chute et Regards sur les ghettos, deuxième volet de l’exposition à glacer le sang. Il y a aussi eu une exposition Picasso : Donner à voir qui s’intéressait à quatorze moments clés de la carrière de l’artiste. J’ai pu voir quelques oeuvres que j’ai étudié comme Le verre d’absinthe et Nature morte à la chaise cannée.

Pour continuer cet état des lieux du mois de septembre, une petite vue de mes lectures. Durant une bonne partie du mois, j’ai été occupée par mon coup de coeur absolu, La saga moscovite I de Vassili Axionov dont la chronique arrivera dans quelques jours. Elle sera très longueÀ côté de ça, j’ai continué à avancer dans deux séries avec Le prédicateur de Camilla Läckberg et La Tétralogie des Origines, Le Marteau de Thor de Stéphane Przybylski (impossible à écrire). Deux très bonnes lectures et deux séries que je continue avec plaisir. Un petit essai historique aussi sur le thème des Romanov, je ne m’en lasse pas, avec La fin tragique des Romanov de Pierre Lorrain dont vous pouvez lire mon avis juste ici. Ma seule déception pour septembre concerne This is our story d’Ashley Elston. Le roman avait tout pour me plaire : un thriller psychologique avec une bonne idée de départ. Un groupe d’amis part à la chasse et, parmi eux, un ne revient pas.

J’ai tout de même vu quelques films. J’ai recommencé la saga Star Wars pour les avoir vu au moins tous une fois. Je n’ai jamais vu la toute première trilogie à être sortie, par exemple et je ne garde que de vagues souvenirs de la suivante. Cependant, je n’ai eu que deux coups de coeur. Le premier a été pour To all the boys I’ve loved before (2018). Je n’attendais rien de spécial avec ce film, sachant que je n’avais guère apprécié le roman. Ce fut une très bonne surprise. Pour une comédie romantique adolescente, je l’ai trouvé plutôt intelligente et crédible. Le deuxième coup de coeur a été BlacKkKlansman (2018). Je n’en dis pas plus, j’ai déjà publié mon avis.

Des détails en peinture…

De ma licence d’histoire de l’art, j’ai appris l’iconographie, à reconnaître les thèmes et les personnages, quelques fois les symboles cachés. Si j’apprécie de connaître le sujet des oeuvres que je vois lorsque je visite un musée, ce n’est pas forcément cet aspect qui me fait m’arrêter pour contempler un tableau. Ce sont des détails qui vont retenir mon attention, une petite partie.

Il y a deux choses que j’apprécie énormément quand je regarde un tableau. Ce sont la manière dont les bijoux sont peints et plus particulièrement les perles et tout ce qui touche au textile, les différents types de tissus. Dans mon esprit, ce sont deux des points les plus difficiles à peindre et où l’artiste peut démontrer tout son talent. Je suis très impressionnée par la technique déployée pour les rendre les plus vraisemblables. Ces prouesses sont notamment possibles avec le développement de la peinture à l’huile.

Le premier artiste à avoir développé mon amour voire ma passion pour les bijoux en peinture est Jan Van Eyck avec son retable de l’Agneau mystique. Le Christ en majesté est une pure merveille de ce point de vue. Il faut regarder la couronne et la manière dont les différentes pierres précieuses sont peintes ainsi que son médaillon. Pour moi, il est le premier à avoir pleinement réussi à peindre. Il est impossible de ne pas citer La jeune fille à la perle de Johannes Vermeer. De ce tableau, cette boucle d’oreille est la première chose que je vois. Elle est parfaite avec cette lumière qui s’y reflète. Cependant, ce ne sont pas les seuls artistes à proposer des bijoux délicatement peints.

Concernant la peinture des vêtements, ce n’est que plus tardivement que j’y suis devenue sensible. C’est lors de ma dernière année d’histoire de l’art. Un de mes enseignants a attiré mon attention sur la manière dont Rembrandt peignait les différents types de tissus : la soie, la fourrure… Cela participe aussi aux charmes et à l’intérêt d’une peinture, portrait ou non. Cet aspect m’intéresse aussi du point de vue de la mode des différents siècles, connaître les tissus les plus prisés, la manière dont ils les ont associés… J’adore pouvoir deviner si c’est de la soie ou du velours, je m’extasie devant les dentelles. En temps normal, ce sont déjà des petits chefs d’oeuvre. En peinture, il y a des petits détails dans les manches, les garnitures dont la beauté est à couper le souffle, notamment par leur précision et le rendu de la texture.

Et vous, quels sont les détails qui vous accrochent quand vous regardez un tableau ?

La Culture avec un grand A et du latte #4

Je n’ai pas publié ce type d’articles depuis quelques mois, mais l’été est l’occasion parfaite pour reprendre quelques bonnes habitudes. Le mois d’août est déjà bien entamé et c’est le moment de proposer mon bilan de juillet. Les vacances d’été sont définitivement propices à la lecture…

Je n’ai vu que très peu de films. Trois pour être précise. Je ne me suis déplacée qu’une seule fois dans les salles obscures, pour voir le nouveau Jurassic World, Fallen KingdomIl a d’ailleurs été mon seul coup de coeur du mois. Il avait tous les ingrédients pour faire un opus réussi, tout en ouvrant d’autres possibilités. Je suis une grande fan de la franchise. À côté de ça, j’ai regardé The Dictator de Sacha Baron Cohen dont je ne suis définitivement pas fan de l’humour et Braquage à l’ancienne avec Michael Caine et Morgan Freeman. Une comédie sans plus.

En revanche, je me suis fait deux expositions : Hélène de Beauvoir, la soeur de Simone au Musée Würth qui propose une rétrospective de l’artiste, de ses débuts et ses influences au fur et à mesure. Je la recommande. Hélène est moins connue que sa soeur, mais elle le mérite. Son oeuvre est vraiment intéressante : elle s’inscrit dans les mouvements de l’avant-garde de l’époque tout en explorant des thèmes comme le féminisme, les événements de mai 68. Un week-end à Paris et j’ai profité pour aller voir l’exposition Klimt à l’Atelier des Lumières dont j’ai déjà parlé sur le blog.

En revanche, j’ai lu une quinzaine de livres.

  • How to be a woman de Caitlin Moran : une déception tout de même. J’attendais beaucoup de cet ouvrage, mais, finalement, je n’ai pas été sensible aux sujets qu’elle aborde et la manière dont elle les aborde.
  • Eragon de Christopher Paolini : j’avais très envie de relire afin de continuer et terminer la série. Cependant, la lecture de ce premier tome s’est révélée houleuse. Je n’ai plus retrouvé la magie de ma première lecture.
  • La tétralogie des origines, Le château des millions d’années de Stéphane Pzbylyski : la science-fiction n’est pas un genre que j’ai l’habitude de lire mais auquel je m’essaie de temps à autre. Le plus souvent avec succès comme avec Sylvain Neuvel. Un gros coup de coeur pour ce premier tome.

  • Kamarades, La fin des Romanov, Tuez-les tous & Terre promise de Benoît Abtey, Jean-Baptise Dusséaux et Mayalen Goult : une série dont j’ai adoré l’histoire et le graphisme. Un de mes coups de coeur de ce mois-ci.
  • The Romanovs de Simon Sebag-Montefiore : je vous renvoie vers mon article pour connaître mon avis sur cet essai historique.
  • Le détail, Pour une histoire rapprochée en peinture de Daniel Arasse : les essais d’histoire de l’art de Daniel Arasse sont toujours très bien écrit et j’apprends toujours plein de choses.
  • Vladimir Vladimirovitch de Bernard Chambraz : une lecture en demi-teinte. Je m’attendais à quelque chose de différent. J’en parlerai plus en détail lors du mois russe, en décembre.
  • À l’ouest rien de nouveau d’Erich Maria Remarque : un des classiques autour de la Première Guerre mondiale. Une relecture qui m’a encore touché, chamboulé. Ce roman d’Erich Maria Remarque est celui qu’il faut lire à ce sujet.

  • Burn the fairytale d’Adeline Whitmore : je continue mon exploration de la poésie contemporaine avec Adeline Whitmore. Mais je suis réellement déçue. Je ne l’ai pas trouvé positif envers toutes les femmes.
  • La meilleure chose qui ne me soit (jamais) arrivée de Laura Tait et Jimmy Rice : finir le mois avec une petite romance. Elle est divertissante, mais pas transcendante. J’ai passé un bon moment, mais je n’en garderai pas un souvenir impérissable.

L’exposition Klimt à l’Atelier des Lumières

La place du numérique dans le domaine de l’exposition est une question qui me passionne. Il ouvre des possibilités intéressantes. L’exposition sur Van Gogh a beaucoup fait parler d’elle. Je n’ai jamais eu la chance de pouvoir la visiter, quand bien même j’admire cet artiste-peintre. Un autre artiste pour lequel j’ai un enthousiasme sans limite est Gustav Klimt dont j’adore l’oeuvre. Je ne pouvais donc pas manquer cette nouvelle exposition… Une expérience totalement inédite pour moi.

L’Atelier des Lumières est un espace d’exposition totalement dédié à l’art numérique. L’espace disponible est relativement impressionnant et très bien exploité durant les projections, permettant à la fois de s’asseoir, déambuler et varier les points de vue. Le maître-mot est immersion. Dans quoi ? Dans les peintures et les oeuvres de l’artiste qui

 

sont mises en scène pour proposer quelque chose de totalement nouveau autour du travail de Klimt, produisant presque une autre oeuvre d’art. Il y a des réinterprétations, des rapprochements faits, des choix esthétiques…

Pour ma part, je n’ai pas vu de dénaturation de ce peintre de la Sécession viennoise. Au contraire, j’ai redécouvert son oeuvre et son caractère parfois poétique, ses sublimes portraits qui magnifient les femmes. C’est un spectacle absolument magique et magnifique auquel l’Atelier des Lumières nous convie. L’effet est des plus réussi et j’ai réellement eu l’impression d’évoluer dans les tableaux, de me perdre dans l’univers de Klimt. La vidéo est projetée non seulement sur les murs, mais elle anime également le sol, plaçant le visiteur dans une bulle hors du temps. L’immersion est totale et ce fut une expérience absolument fantastique. J’ai été émerveillée d’un bout à l’autre de la projection. C’est à la fois étonnant et merveilleux, montrant que le numérique peut avoir un côté fantastique et renouveler la scénographie d’exposition. Je regrette d’autant plus d’avoir manqué Imagine Van Gogh. Je ne doute pas que ce type d’événements se représentera.

La projection se fait aussi au son d’une musique d’opéra ou de musique classique. L’expérience est vraiment totale pour le visiteur. Je vais même plus loin en disant que l’Atelier des Lumières, qui a ouvert très récemment (en avril 2018), propose une oeuvre d’art totale qui mélange peinture, sculpture, musique, numérique…

L’exposition Klimt sera présentée jusqu’en novembre avec le programme court sur un autre artiste autrichien, Hundertwasser. Quand à la création contemporaine, Poetic_AI du collectif Ouchhh, elle est visible jusqu’à fin août. Elle est renversante également et vous propulse directement dans le futur. Pour pouvoir avoir une idée de ce que le lieu peut donner, je vous invite à faire un petit tour sur le site internet de l’Atelier des Lumières.