Exposition L’Odyssée des femmes

J’ai pu profiter de quelques jours de vacances dans la région lyonnaise pour visiter le musée de Saint-Romain-en-Gal dont je voulais voir l’exposition L’Odyssée des femmes. Elle est présentée du 18 septembre 2021 au 2 janvier 2022.

Je ne pouvais pas rêver d’une exposition aux sujet et propos aussi parfaits et en phase avec mes goûts et passions. En effet, l’art et l’histoire antique me passionnent depuis que je suis toute petite. J’ai accès, bien des années après, ma licence d’histoire de l’art dans ce domaine. J’ai également lu un certain nombre d’oeuvres d’auteurs anciens, grecs et romains : L’Iliade et L’Odyssée d’Homère, La théogonie d’Hésiode, La Guerre des Gaules de Jules César ou Les Métamorphoses d’Ovide…

Or, le propos de L’Odyssée des femmes est justement de ramener sur le devant de la scène des héroïnes de l’Antiquité, réelles ou imaginaires. L’exposition lie littérature ancienne et contemporaine avec les objets du parcours permanent du musée. La présentation suit le même schéma : une petite fiche qui présente une de ces femmes, la manière dont elle est perçue par les auteurs de l’Antiquité et, ensuite, une à plusieurs réécritures sont citées et des objets en lien avec ces dernières sont présentées. Par exemple, Ariadne est présentée près de tout ce qui touche au lissage.

Le lien entre ses héroïnes et les objets de la collection est parfaitement signifié et pensé. Le visiteur voit parfaitement la logique qui a présidé ces choix, et l’entièreté du parcours est très bien investie. Par ailleurs, les modules d’exposition ne créent pas de chocs visuels avec ceux déjà en place. Le bois est largement présent dans les collections présentées. J’ai également apprécié les illustrations qui viennent donner un visage aux héroïnes.

J’ai cependant un petit regret concernant cette exposition. Je n’arrive pas à trouver une liste de toutes les réécritures de la mythologie gréco-romaine présentées dans l’exposition. J’en ai encore certaines en tête, mais pas toutes. J’aurais vraiment aimé l’avoir pour découvrir les ouvrages cités. J’en ai lu certains qui étaient mis en avant comme Circé de Madeline Miller ou L’odyssée de Pénélope de Margaret Atwood que j’ai lu il y a quelques semaines. Par ailleurs, le musée propose un coin lecture où il est possible de feuilleter des livres en lien avec le thème.

Cette exposition a été créée en partenariat avec le master Expographie-Muséographie de l’université d’Artois et l’École supérieure des Arts appliquées de la Martinière-Diderot de Lyon. Les étudiants ont fourni un travail fantastique. Je n’aurais pas pu rêver et je ne peux que la recommander. Le musée gallo-romain possède une collection très riche avec des mosaïques absolument magnifiques et un certain nombre de très belles maquettes. Je le connais par coeur, étant le premier musée que j’ai visité quand j’étais plus jeune, et je suis pourtant toujours émerveillée.

Un long week-end en Toscane

Fin août, je suis partie avec des amis pour un long week-end, bien mérité, en Toscane, à la découverte de la région et de sa gastronomie. Ces quatre jours sont passés beaucoup trop vite. J’y retournerai avec plaisir, notamment pour découvrir un peu plus la ville de Florence qui mérite bien plus d’une journée pour la visiter.

Jour 1

San Gimignano

La petite ville de San Gimignano est typique de la Toscane. Elle est posée sur une colline, entourée d’oliviers. Un véritable paysage de carte postal, très pittoresque avec ses vieilles pierres. Elle est d’ailleurs inscrite au patrimoine mondial l’UNESCO. San Gimignano se développe surtout au Moyen Âge, à partir du XI siècle et elle garde un certain nombre de bâtiments de cette époque. La ville est aussi réputée pour son vin, le Vernaccia, que je recommande. Elle apparaît également dans le deuxième Assassin’s Creed.

Bonne adresse : le meilleur glacier du monde se trouverait à San Gimignano. Notre périple culinaire a donc commencé par une petite glace bien méritée après sept heures de route.

Gelataria Dondoli, Piazza della Cisterna

Sienne

Nous sommes arrivés en fin d’après-midi en Toscane et en soirée sur Sienne. Nous n’avons donc fait aucune visite, mais nous avons déambulé dans la ville, qui est assurément très jolie. Nous l’avons découverte de loin, sur sa colline durant les golden hours et nous en sommes restés bouche bée. Le spectacle était magnifique. Le centre-ville est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO (encore un !). Pour la petite anecdote, Sienne aurait été fondée par Serius et Aschius, les fils de Remus, un des fondateurs de Rome avec son frère jumeau, Romulus. Son histoire est riche jusqu’à nos jours. Cette fondation légendaire est d’ailleurs reprise sur la façade principale du duomo.

Nous nous sommes promenés autour de la cathédrale Santa Maria Assunta. Elle mêle habilement le style roman toscan et le gothique. Elle est également connue pour son pavement intérieur en marbre, que nous n’avons malheureusement pas vu. Cependant, l’extérieur est déjà époustouflant. La façade principale, en marbre rouge, blanc et vert, a notamment été revue par Giovanni Pisano, fils de Nicola Pisano, qui ont aussi travaillé à Pise. Ce sont deux artistes que nous avons souvent retrouvés durant notre périple toscan.

Nous avons ensuite fait un détour par la Piazza del Campo, la place principale de la ville. Cette dernière a été construit au XIII siècle pour montrer la puissance de Sienne. Sa forme est un peu particulière, en coquille, et elle accueille toujours les fameuses courses de chevaux par quartier.

Bonne adresse : nous avons dîné à Sienne, sur les recommandations d’une de mes cousines, qui la tient elle-même d’une amie italienne. Nous nous sommes, en effet, régalés, mais surtout, nous avons pu profiter de la vue magnifique que le restaurant offre sur le centre historique et le duomo.

Zest, Costa Sant’Antonio

Jour 2

Florence

Nous avons passé le deuxième jour à Florence. Je recommande de se garer à l’extérieur de la ville, notamment à Villa Constanza qui est un parking relai tram. Ce dernier amène jusqu’au centre-ville. Nous nous sommes surtout promenés dans la ville et nous avons peu fait de visites. Nous avons tout simplement oublié de réserver à l’avance certaines d’entre elles, ce qui est hautement recommandé. Néanmoins, nous avons tout de même pu apprécier la ville et découvrir le Palazzio Vecchio, ainsi que l’église Santa Croce.

Le Palazzo Vecchio a notamment été la résidence de Cosme I de Médicis, mais également la mairie de Florence. C’est un bâtiment riche en histoire et je recommande cette visite. La Salle des Cinq Cents est vraiment époustouflante, tout comme les appartements que l’on découvre après. C’est aussi là qu’est conservé le masque mortuaire du poète florentin Dante Aligheri, auteur de la Divine Comédie.

Jour 3

Pise

De Pise, nous avons surtout fait la place principale avec le Duomo, la Tour et le baptistère. Cet ensemble à couper le souffle est d’ailleurs inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. La cathédrale est entièrement recouverte de marbre blanc et vert. À l’intérieur, le cul de four du choeur, il y a une magnifique mosaïque du Christ pantocrator (en gloire) qui rappelle les églises byzantines et leurs décors. La chaire a été réalisée par Giovanni Pisano.

J’ai enfin pu voir la fameuse tour. Cette dernière est le campanile de la cathédrale (là où se trouve la cloche). Sa construction a commencé en 1173 et elle a tout de suite commencé à pencher.

Nous avons également visité le baptistère qui est un des plus grands d’Italie. La chaire est l’oeuvre de Nicola Pisano.

Le Camposanto est un autre bâtiment se situant sur cette place. Il s’agit d’un cimetière monumental, commencé au XII siècle. Au centre de cette construction se trouve de la terre ramenée de la Terre Sainte par les Croisés. Il est décoré d’immenses fresques autour des thèmes de la vie et de la mort. L’une d’entre elles est un impressionnant Jugement dernier. Certaines d’entre elles ont été abîmées durant la Seconde Guerre mondiale.

Volterra

Volterra est une autre petite ville typique de la Toscane dont l’histoire remonte dès l’époque des Étrusques (un peuple avant les Romains). Des vestiges romains sont présents, notamment un théâtre. Il y a aussi des éléments médiévaux encore présents. Le temps semble figé à Volterra, qui est une des villes que j’ai adoré faire. Elle est très agréable pour y flâner.

Bonne adresse : si vous souhaitez acheter du vin de Toscane, c’est la bonne adresse. Le gérant parle très bien français et sera ravie de vous conseiller et recommander des vins de la région.

Enoteca Scali, Via Quarnacci

Jour 4

Parme

Avant de repartir en France, nous avons fait un petit détour par Parme. Nous avions surtout l’idée d’acheter des produits locaux : huile d’olive, parmesan, pâtes fraîches…

Bonne adresse : Silvano Romani, Via La Spezia

Vol au musée : Le plus grand cambriolage de l’histoire de l’art (2021)

La série relate le plus grand vol d’œuvres d’art au monde. Le 18 mars 1990, 13 œuvres ont été volées au Isabella Stewart Gardner Museum de Boston aux premières heures du jour. Les gardiens ont admis deux hommes se faisant passer pour des policiers. Les voleurs ont ligoté les gardiens et pillé le musée au cours de l’heure suivante. Plus de 30 ans plus tard, le crime n’a toujours pas été élucidé.


Je suis une inconditionnelle des documentaires-enquêtes proposés par Netflix autour d’un crime réel, d’un événement paranormal… En avril dernier, la plateforme sortait Vol au musée sur le spectaculaire cambriolage du Musée Gardner de Boston.

En tant qu’historienne de l’art se passionnant pour ce genre de problématiques (les restitutions d’oeuvres d’art, les faux en art…), je ne pouvais pas manquer cette nouvelle mini-série. Je ne suis pas déçue du voyage. J’avais déjà entendu parler de ce vol alors que je suivais un cours sur la peinture de l’âge d’or hollandais au Trinity College. Or, parmi les oeuvres volées à ce musée, il y a un Vermeer et un important tableau de Rembrandt, son unique marine. Cependant, j’ignorais à quel point cette histoire pouvait être rocambolesque.

Le documentaire commence très classiquement par poser les faits et les principaux « acteurs » comme la police, la conservatrice, les employés, les principaux suspects… La mini-série reprend quelque peu la trame de l’enquête, ce qui permet de comprendre la logique des inspecteurs, où tel indice les a menés, pourquoi telle personne pouvait être soupçonnée… Et puis, à un moment donné, tout commence un peu à partir en cacahuète. Des voleurs d’art internationaux s’en m^lent, tout comme la mafia de Boston… C’est à partir de ce moment que le vol devient réellement inexplicable.

Impossible de ne pas enchaîner les épisodes pour en savoir plus. Comme souvent avec ce type de documentaire, j’espère avoir toutes les réponses aux différentes questions que je me pose et notamment les principales : qui est le coupable ? Où sont les oeuvres volées ? Forcément, aucune réponse n’est apportée, car l’affaire n’a toujours pas été résolue. Il y a toujours un côté mystérieux, plein de suspens que j’aime beaucoup dans ce type de documentaire. Doublé à un sujet qui me passionne, Vol au musée m’a totalement happé.

Il est rare de voir des documentaires true crime autour de l’art. Pour ma part, ces quelques épisodes ont été un véritable coup de coeur. J’espère secrètement que Netflix développera ce programme et proposera d’autres saisons autour de ce sujet.

Bilan 2020

C’est avec aucun regret que je laisse 2020 se terminer. Comme pour beaucoup, cette année a été éprouvante à tout point de vue avec son lot de mauvaises nouvelles et de coups durs professionnels (je travaille dans la culture). Durant cette année, je me suis énormément réfugiée dans la lecture, à la fois pour faire passer le temps et supporter ces confinements qui m’ont pesé, je l’avoue. J’ai aussi repris en main de blog, abandonné pendant une bonne partie de 2019.

En janvier 2020, j’avais émis le souhait totalement fou et irréaliste de lire au moins 200 livres, soit le double de ce que je lis habituellement. Le pari n’a pas été si fou puisque j’ai lu très exactement 223 livres durant l’année, soit 72.205 pages. Merci les confinements !

2020 a été une année placée sous le signe des essais en histoire et en histoire de l’art. Ils représentent 28% de mes lectures. J’ai aussi redécouvert les classiques de la littérature française des XVIIIe et XIXe siècles avec Émile Zola, Voltaire et Rousseau et tête. Les classiques représentent 13,6% de ce que j’ai lu, soit 34 livres, dont une dizaine de classiques russes, allemands (dont le premier tome Guerre & Paix). Découverte de la littérature classique allemande avec un coup de coeur pour Les souffrances du jeune Werther.

Mon trois meilleures lectures de 2020

The Hollow Places de T. Kingfisher est un des meilleurs romans d’horreur que j’ai pu lire depuis bien longtemps. Je suis un petit en retard dans la publication de mes avis littéraires et celui-ci devrait arriver très prochainement. Je n’en dis donc pas plus. Mais c’est un de mes gros coups de coeur de l’année.

All the bad apples de Moïra Rowley-Doyle est un des livres qui m’a le plus marqué cette année : l’Irlande, la place de la femme, le réalisme magique qui se dégage de ce roman, une histoire de famille… J’ai adoré et je le relirai avec plaisir. Pour lire mon avis sur ce dernier, c’est par ici. [lien]

Enfin, The Year of the Witching d’Alexis Henderson… Un autre livre d’horreur, mais totalement différent du Kingfisher avec une société puritaine, des sorcières, des bains de sang… Gros coup de coeur pour ce premier roman d’horreur par une auteur à suivre. J’avais publié une chronique. [lien]

Mes trois plus grosses déceptions de 2020

Eoin Colfer signait son grand retour avec un roman pour les jeunes adultes, Highfire. J’ai adoré plus jeune les Artemis Fowl qui est une série avec laquelle j’ai grandi. Je n’ai pas du tout aimé ce nouveau livre. Pour savoir pourquoi je n’ai pas aimé cet ouvrage, voici mon billet. [lien]

Alors que je préparais cet article, je savais que Three Hours in Paris de Cara Black finirait dans mes déceptions de l’année. Je l’avais pourtant mis dans les sorties VO qui me tentaient, mais encore aujourd’hui, je ne sais pas si je dois rire ou pleurer devant ce livre… En tout cas, j’y ai lu la phrase la plus improbable de l’année. Ma chronique est à lire sur le blog. [lien]

Dernier livre dans mes déceptions, Cursed de Frank Miller et Thomas Wheeler. La série m’avait quelque peu laissé sur ma faim. J’avais envie d’avoir plus de développements et je me suis tournée vers le livre qui reste fidèle à la série… Et je n’y ai donc pas trouvé ce que j’espérais. J’avais publié un article sur le sujet. [lien]

J’en ai fini de mes coups de coeur et déceptions de l’année et j’avais envie de faire un tour d’horizons de mes résolutions prises début 2020 et si elles ont été tenues.

En premier lieu, je souhaitais lire une dizaine de pièces de théâtre. Même si j’en ai lu quelques unes, elles se comptent sur les doigts d’une seule main… Et encore. J’ai redécouvert quelques classiques comme Le mariage de Figaro de Beaumarchais ou Cyrano de Bergerac d’Edmond de Rostand. En revanche, j’ai réussi à lire les dix recueils de poésie avec autant des classiques que de la poésie contemporaines. J’ai relu Les Contemplations de Victor Hugo, Les fleurs du mal de Charles Baudelaire. J’ai dévoré le dernier recueil de Rupi Kaur, Home Body.

Je voulais également terminer quatre séries en cours. J’en ai fini trois, donc je suis plutôt contente.

J’espérai avoir une pile à lire à zéro à la fin du mois de décembre. Je termine l’année avec 21 livres qui attendent d’être lus. J’ai pas mal craqué la dernière semaine et j’ai fait quelques achats.

Le plus gros objectif de lecture que je m’étais fixée pour 2020 était de commencer et finir les Rougon-Macquart d’Émile Zola. J’en ai lu que cinq cette année, de La fortune des Rougon à La faute de l’abbé Mouret. La suite sera pour 2021, ayant déjà commandé le prochain, Son Excellence Eugène Rougon.

Une autre résolution, la dernière, était de lire une cinquantaine de romans ou essais en anglais. Record battu ! J’ai lu 86 romans en anglais. Je ne suis pas encore à 50/50, mais c’est tout de même un beau score. Je ne m’y attendais pas.

2020 n’a pas été une année aussi riche culturellement que je l’espérais, mais j’ai pu commencer l’année en allant aux ballets russes voir Casse-Noisette, qui est un de mes préférés (je vénère Tchaikovsky). Un merveilleux moment partagé avec l’une de mes petites soeurs. J’ai aussi visité quelques coins de la France que je ne connaissais pas, et notamment la Haute-Savoie. J’ai pu visiter le château de Montrottier, les Jardins Secrets de Vaulx, un endroit totalement hors du temps, le musée de la Résistance haut-savoyarde à Morette ainsi que la ville d’Annecy. En août, j’ai pris la direction d’Albi pour découvrir cette magnifique cité médiéval ainsi que les petites villes d’Ambialet et de Cordes-sur-Ciel. [article sur ces quelques jours dans le Tarn]

J’ai pu visiter le musée Toulouse-Lautrec ainsi que la rétrospective Christo et Jeanne-Claude au musée Würth d’Erstein. [compte-rendu de l’exposition]

Albi et sa région

Durant l’été, j’ai enfin accepté l’invitation d’une de mes plus chères amies, Céline, qui tient le blog Le Monde de Sapotille. Nous parlons de ce week-end depuis des années. Albi et sa région sont un coin de la France que je ne connaissais absolument pas, m’étant arrêté au niveau de Montpellier.

Ambialet

Petite ville médiévale perchée sur une colline, Ambialet est étonnante. Nous avons fait le chemin de croix en croisant une première église, Saint-Gilles, datant du XIe siècle, pour découvrir enfin le prieuré et sa vue imprenable sur la vallée du Tarn. La chapelle Notre-Dame-de-l’Auder est une magnifique église romane où je suis tombée amoureuse de son chevet avec ses briques. Ambialet propose un moment hors du temps.

Cordes-sur-Ciel

Une autre cité médiévale qui m’a totalement conquise. Elle a vraiment su garder son charme. C’est une ville magique avec laquelle j’ai eu l’impression de remonter dans le temps. L’historienne de l’art que je suis a été émerveillée à chaque coin de rue par le patrimoine riche de la cité, la richesse de son architecture. Certaines façades gothiques sont à couper le souffle. Il y a aussi des petits trésors architecturaux cachés… Il ne faut pas hésiter, par exemple, à pousser la porte de l’Office du Tourisme. Petit passage aussi chez un photographe de la ville, Ludwig Raynal. J’ai ramené une de ses photographies en guise de souvenirs de mon séjour.

Albi

Cité épiscopale classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, Albi est une ville magnifique qui m’a conquise au premier regard. Nous avons commencé par nous promener dans ses petites rues. Je suis très sensible à l’architecture et à l’urbanisme (en même temps, j’ai écrit un mémoire sur le sujet, ainsi que le patrimoine mondial de l’UNESCO…). Albi est connue pour ses constructions en brique cuite qui ont un charme indéniable, changeant de couleur en fonction de la lumière.

La cité épiscopale comprend notamment la cathédrale. Elle est étonnante par bien des aspects. Le premier est qu’elle est entièrement construite avec cette brique cuite. Deuxièmement, c’est son côté massif qui m’a surprise, notamment si on la compare avec cette entrée gothique en dentelle de pierre. L’intérieur est à couper le souffle. Il est entièrement peint avec ce bleu pastel. Il est issu d’une fleur jaune qui donne ce bleu très intense. Elle est l’une des plus belle cathédrale que j’ai pu visiter.

À côté du palais épiscopal, qui accueille le Musée Toulouse-Lautrec, se trouve un jardin, classé au titre des Jardins remarquables. Il est en effet remarquable, suivant le plan classique des jardins à la française. L’ancien chemin de ronde a été transformé en une promenade ombragée, offrant une vue imprenable sur les bords du Tarn.

Durant ces quelques jours bien trop courts, j’ai tout de même pris le temps de faire un musée, celui de Toulouse-Lautrec, ce dernier étant né à Albi. Il est connu pour avoir peint dans les maisons closes qu’il fréquentait (assidûment). La collection est riche et j’ai adoré retrouvé de ses tableaux. Ce sont surtout les affiches que j’apprécie : Les Ambassadeurs ou Jane Avril. Cependant, je suis relativement déçue par l’absence d’une médiation dans les salles, mais c’est une déformation professionnelle, je l’avoue. Il n’y a pas de textes de salles, aucun cartel explicatif (par opposition au cartel simple qui donne les informations de l’oeuvre). Juste des toutes petites affiches A4 dans les salles avec quelques explications. Un peu dommage.

Je reviendra sûrement dans la région. J’ai encore quelques coins que je souhaite visiter, notamment Rodez et le Musée Soulage, Toulouse…

Exposition Christo et Jeanne-Claude au Musée Würth (Erstein)

Jusqu’au 20 octobre 2020, le Musée Würth, à Erstein, propose une rétrospective de la carrière de Christo et Jeanne-Claude.

« Christo et Jeanne-Claude sont les artistes qui, de façon inimitable, sont arrivés à associer dans leur art la puissance individuelle de création aux méthodes des sociétés industrielles et post-industrielles : capitalisme, démocratie, enquête, expérience, collaboration et coopération. » Marina Volizey, critique britannique

Le Land Art est un mouvement de la création contemporaine qui apparaît dans les années 1960, notamment aux États-Unis. La volonté principale des artistes est le rejet de la commercialisation de l’art et, dans une certaine mesure, de son institutionnalisation, de son exposition au sein des galeries et musées.

Christo (1935-2020) est né en Bulgarie où il a commencé à étudier à l’Académie des Beaux-arts de Sofia. L’enseignement est marqué par la doctrine officielle du réalisme socialiste. Il ira à Prague avant de s’enfuir à Vienne, puis Genève et, enfin, Paris, en 1958. Il y rencontre Jeanne-Claude (1935-2009). Leur première collaboration intervient rapidement, dès 1961. Ils sont connus pour leurs travaux autour de l’emballage d’objets, puis de monuments plus ou moins importants. Ils ne se limitent pas qu’à cela et l’exposition montre environ 80 de leurs oeuvres, issues de la collection de Reinhold Würth. Cette rétrospective s’inscrit dans une double actualité, à la fois le décès de Christo en début d’année, et le dernier projet du couple dont la réalisation a été reportée à 2021 : l’emballement de l’Arc de Triomphe à Paris.

Wolfgang Volz, Christo et Jeanne-Claude devant le Pont Neuf, 1985

Comment exposer des oeuvres de Land Art, qui sont, par définition, monumentales et/ou éphémères ? En présentant les travaux préparatoires et les photographies des projets. Au sein de cette exposition, le visiteur pourra trouver un grand nombre de dessins techniques, de photomontages, mais également des vidéos et des maquettes, comme celle réalisée pour le Reichstag ou la documenta de Cassel. Ces travaux jouent un rôle essentiel dans la carrière du couple. En effet, c’est en vendant ces derniers qu’ils ont pu financer certaines de leurs réalisations. L’exposition du Musée Würth permet de bien se rendre compte du processus créatif mis en place par le couple d’artiste. Ce processus peut prendre de longues années, sans que Christo et Jeanne-Claude ne soient sûrs que le projet verra le jour. Ils parlent plutôt de période « software« , qui correspond à une phase de préparation, de présentation du projet auprès des autorités publiques et des habitants, et de négociations. A contrario, la phase dite « hardware » se rapporte à la concrétisation du projet, à son aboutissement. Elle est montrée par le biais des photographies de Wolfgang Volts, qui a été le photographe attitré du couple.

L’exposition évoque la relation des artistes à la nature. Leurs projets ont un impact sur l’environnement, à la fois par le choix des matériaux, le nombre de visiteurs qui peuvent contribuer sur certains sites, à la destruction de la faune et de la flore. Ce point est rapidement abordé dans la visite, notamment par le biais des négociations menées avec les pouvoirs publics qui peuvent accepter ou refuser un projet. Le propos s’attache plus aux devenirs des matériaux utilisés, parfois en grande quantité.

Vue de la scénographie de l’exposition

Le Musée Würth propose une nouvelle exposition d’art contemporain de qualité. Elle montre un grand nombre des projets principaux des artistes. La scénographie regroupe chaque projet avec ses dessins préparatoires, photomontages et photographies de la réalisation, et parfois les maquettes. Le propos est clair. Cependant, il y a indubitablement une esthétique qui se dégage de l’accrochage. Visuellement, sur certaines sections, les couleurs se répondent, attirent le regard et le visiteur. C’est un aspect primordial du travail de Christo et Jeanne-Claude : le rose des Surrounded Islands, Biscayne Bay, Greater Miami, Florida, 1980-83 ou le jaune de The Floating Piers, Project for Lake Iseo, Italy, 2014-16L’exposition se termine par une courte présentation du dernier projet du couple, l’Arc de Triomphe à Paris.

La programmation culturelle annexe mérite de s’y attarder. Outre des ateliers pédagogiques pour les enfants autour des objets empaquetés, qui ont été le point de départ des réflexions de Christo et Jeanne-Claude, un cycle de conférence est également proposé. La prochaine se déroule le samedi 24 octobre et a pour sujet L’art éphémère monumental.

Informations

Exposition Christo et Jeanne-Claude, Musée Würth, Erstein, 12 juillet 2020 – 20 octobre 2020. Fermeture les lundis et possibilité de visites guidées en français les dimanches sur réservation.

Site internet du Musée Würth

Site officiel de Christo et Jeanne-Claude

Gerri Chanel • Saving Mona Lisa, The battle to save the Louvre and its treasures from the Nazis (2014)

Saving Mona Lisa, The battle to save the Louvre and its treasures from the Nazis • Gerri Chanel • Icon Books Ltd • 400 pages

In August 1939,  curators at the Louvre nestled the world’s most famous painting into a special red velvet-lined case and spirited her away to the Loire Valley as part of the biggest museum evacuation in history. Over the next six years, directors and staff would risk their jobs and in many cases their lives to protect the artworks and the Louvre palace not only from the personal appetites of the Nazi leaders but also from bombing, fire, flood, theft and the viciousness of German military reprisals. Saving Mona Lisa is the sweeping, suspenseful narrative of their battle.

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De mon cursus universitaire en droit et histoire de l’art, je garde un intérêt tout particulier pour des questions liées à la sauvegarde et à la protection des collections d’art et du patrimoine en temps de conflit, mais également à la restitution des biens spoliés. Cet ouvrage de Gerri Chanel, journaliste américaine, rend compte de son enquête autour du sort des trésors artistiques du Musée du Louvre, durant la Seconde Guerre mondiale. Un sujet qui me passionne, mais Saving Mona Lisa présente quelques défauts dont un titre un peu trop racoleur (qui fonctionne).

En effet, en commençant ce livre, je m’attendais à ce que cette oeuvre célèbre de Léonard de Vinci soit véritablement au coeur de l’ouvrage, le fil rouge de l’enquête. Ce n’est pas totalement le cas, car, pendant de longs chapitres, le tableau peut ne pas être évoqué, ou au détour d’une ligne. Cependant, ma « déception » a vite été oubliée, car Chanel aborde plutôt les collections du Louvre avec des focus un peu plus importants sur les chefs d’oeuvre comme la Victoire de Samothrace, la Vénus de Milo, La Liberté guidant le peuple de Delacroix… Cela ouvre un peu plus les perspectives et d’aborder également le travail des conservateurs et du personnel du musée. Pour finir sur les collections, j’ai trouvé un petit côté brouillon quand elle a commencé à évoquer d’autres musées qui ne rentraient pas dans la catégorie des musées nationaux ou la tapisserie de Bayeux, qui n’appartient pas au Louvre, mais au musée de Bayeux.

Un autre point qui m’a quelque peu déplu est les quelques erreurs qui sont glissées dans le texte, comme des mots de français mal orthographiés. Pourtant, dans la biographie de l’auteur, il est dit qu’elle a vécu cinq ans en France et qu’elle vit encore entre Paris et New York. Le débâcle au lieu de la débâcle, ça ne passe pas. Une autre erreur qui m’a horripilée au plus haut point est d’affirmer que Louis Eiffel est l’architecte de la tour qui porte son nom… Mon coeur s’est arrêté. De son nom complet, Alexandre Gustave Eiffel, ce dernier est ingénieur. Ce sont des petites choses au fil des pages qui, mises bout à bout, commencent à peser sur le bilan final.

Dans les divers avis que j’ai pu lire concernant ce livre, certains personnes ont pu louer la qualité des recherches effectuées par Gerri Chanel. Je me situe plutôt à contre-courant de cette position. En regardant la bibliographie, je me suis questionnée sur la pertinence de certains choix : Sleeping with the enemy: Coco Chanel’s secret war de Hal Vaughn, Lettre d’un voyageur de George Sand… Outre cet aspect, la documentation utilisée est vraiment fournie et intéressante. J’ai surtout perçu le livre comme permettant au grand public de découvrir cet aspect de la guerre et comment certains Français ont tout essayé pour protéger les collections muséales et les trésors qu’elles recelaient. Pour une historienne de l’art qui s’intéresse à ce sujet depuis de nombreuses années, j’ai trouvé l’ouvrage un peu creux.

Il est intéressant de voir que l’auteur parle des conditions de conservations et des difficultés du transport. Ce sont des problématiques qui sont encore d’actualité. Cependant, quand je dis que le livre est creux, je veux dire par là que rien n’est véritablement développé. Elle passe très vite sur des points que je trouve essentiel : les batailles juridiques, politiques et diplomatiques pour sauver les oeuvres, parant rapidement à cela en évoquant des réunions, par exemple, mais sans vraiment de notions de temps. Elle évoque tout aussi rapidement la politique culturelle de l’Allemagne nazie. Le rôle de Rose Valland est évoqué en un chapitre synthétique. Au final, je garde l’impression d’un ouvrage qui s’attache plus aux petits faits et aux anecdotes. Clairement, ce n’est pas un ouvrage scientifique.

Néanmoins, Saving Mona Lisa est une lecture que j’ai apprécié de faire, à défaut d’avoir appris réellement quelque chose de nouveau. Le style de l’auteur est prenant et elle a écrit son livre presque comme un roman, éliminant le côté ennuyeux que pourrait avoir ce genre d’ouvrage. Pour une première approche du sujet, il peut être intéressant de le lire. Le livre n’a pas été traduit en français.

Pour aller plus loin

Pour explorer un plus le sujet, voici quelques recommandations de lectures autour de la protection de l’art durant la Seconde Guerre mondiale et les spoliations des collections nationales et juives. 

  • Monuments Men de Robert M. Edsel : ce livre est relativement connu, car il a fait l’objet en 2014 d’une adaptation cinématographique. Je l’ai lu il y a un moment, mais je l’avais trouvé très intéressant sur la nécessité de protéger l’art et le patrimoine, comment ils l’ont fait avec les moyens qu’ils disposaient alors que le conflit faisait encore rage… Il a écrit un autre ouvrage sur ce même sujet, mais plus spécifiquement sur l’Italie, Saving Italy: The race to ressue a nation’s treasures from the Nazis. Je suis incapable d’en parler à l’heure actuelle, ne l’ayant pas encore lu.
  • Le musée disparu : Enquête sur le pillage d’oeuvres d’art en France par les nazis de Hector Feliciano : une référence en la matière. Il est beaucoup plus poussé que le Gerri Chanel, ayant nécessité huit ans de recherches. Ce dernier a même pu retrouver quelques oeuvres qui avaient disparu.

Le Musée de la Romanité de Nîmes et ses dispositifs numériques

Depuis toute jeune, l’Antiquité romaine est une période historique qui me fascine et sur laquelle j’ai pu mettre l’accent durant mes années de licence d’Histoire de l’art. Au début de l’été 2018, la ville de Nîmes a inauguré un nouveau musée retraçant l’histoire et l’évolution de la ville durant cette période. Il est l’un des plus grands d’Europe dédié à ce sujet. J’aurai pu parler de l’architecture, de la scénographie… Mais les dispositifs numériques d’aide à la médiation sont omniprésents au sein de cette nouvelle institution. J’en ai jamais vu autant et, tout au long du parcours muséographique, il y en a 65.

Que trouvons-nous parmi ces dispositifs numériques ?

Des projections immersives avec notamment des reconstitutions en trois dimensions de monuments qui ne sont plus visibles en élévation comme le sanctuaire de la Fontaine, des cartes interactives, de nombreuses vidéos explicatives, des dispositifs de réalité augmentée pour se déguiser en romain(e)… Il y a des applications vraiment variées et le Musée de la Romanité est un parfait exemple de ce que le numérique peut apporter à un musée, notamment en terme de médiation et d’expérience immersive.

Ce type de dispositifs se développe très vite et devient quasiment une évidence, surtout pour des musées nouvellement crées. La question de la place du numérique dans les institutions est un des grands thèmes liés au monde de la culture qui me passionne avec la restitution d’oeuvres d’art.

Qu’ai-je pensé de ces dispositifs ? Qu’est-ce que j’en retiens ?

L’émerveillement avant la lassitude

Dès le début du parcours, les dispositifs de médiation numériques sont présents et ils s’enchainent rapidement. Dans chacune des salles, il peut y avoir jusqu’à deux ou trois dispositifs différents. Au début, je dois avouer que j’ai été émerveillée par leur diversité et l’envie de tout tester était présente. Je me suis prise au jeu, allant presque tout de suite vers les bornes en entrant dans la salle d’exposition et puis, au bout d’un moment, je les ai délaissées pour ne quasiment plus les regarder à partir du milieu du parcours.

Une petite overdose se fait ressentir à force. Par mes études, mais également mes préférences personnelles, j’aime l’objet, pouvoir l’admirer et voir ce qu’il peut m’apprendre en premier lieu, sans avoir besoin de recourir tout de suite à une médiation, sous quelques formes que ce soient. Avec cette démultiplication du numérique, j’ai presque oublié l’objet en lui-même. Or, c’est pour ça que je me déplace dans un musée ou toute autre institution culturelles, pour admirer des oeuvres et non des tablettes numériques et autres dispositifs. J’ai vraiment trouvé qu’il y en avait beaucoup trop, surtout devant la beauté et la richesse des collections, qui se trouvent occultées par ces derniers. Pour donner un exemple, je n’ai pas compris pourquoi ils ont doublé de très jolies maquettes des lieux et monuments de Nîmes, qui parlent clairement d’elles-mêmes, de vidéos ou petits programmes d’immersion sur tablette. Et ce d’autres plus que je ne les ai pas trouvé très intuitifs.

Des aspects intéressants de ces médiations numériques

Je ne regrette pas tous les dispositifs numériques mis en place par le Musée de la Romanité, bien au contraire. Je regrette juste que certains ne présentent au final qu’un intérêt limité. D’autres ont vraiment été passionnants, apportant une réelle plus-value durant la visite. Ce sont eux que je retiens, même quelques semaines après ma visite. Ils auraient presque tous dû être ainsi. J’en garde trois en mémoire.

Le premier concerne les cartes. J’ai vraiment adoré la manière dont elles bougent pour montrer les flux migratoires ou les échanges commerciaux, le mouvement des frontières de l’Empire romain, l’expansion de la ville de Nîmes sur un support en relief reprenant la topographie des lieux par une projection zénithale. Animer ces différents éléments est tout simplement une idée brillante, à mon avis. J’ai toujours eu quelques soucis avec la géographie, la topographie, de visualiser des changements dans le temps. Avec ces cartes, j’ai pu visualiser parfaitement et me rendre plus facilement compte de certains aspects. Je fonctionne beaucoup par le visuel et elles étaient faite pour moi, car j’ai tendance à fuir les cartes simples habituellement. Le tout est fait de manière très claire et chaque couche d’informations vient progressivement pour un outil numérique à la fois pédagogique et ludique.

Le monde roman nous a laissé un large corpus d’inscriptions épigraphiques. Ce ne sont pas forcément les objets les plus faciles à mettre en valeur pour le public. Or, la manière dont elle sont valorisées et expliquées est très intelligente et elle rend ce type d’objets beaucoup plus accessibles. Ils ont mis en lumière l’inscription latine pendant quelques minutes, puis, toujours en projetant sur le bloc, une petite animation donne les principaux éléments d’explication et de contexte. Je n’ai jamais vu cela alors que je fréquente beaucoup ce type de musées qui ont ma préférence. J’ai adoré cette idée de voir la pierre s’animer et raconter son histoire. Pour moi, un musée, ce sont des objets qui racontent une histoire, la leur ou la grande Histoire… Avec ce dispositif, nous sommes pleinement dans ce concept et c’était incroyable et vraiment très bien réalisé.

Le troisième et dernier point de l’utilisation du numérique dans le parcours est quand je suis arrivée à la partie consacrée à la vie quotidienne où les fresques et les mosaïques sont présentées. Personnellement, ce sont deux catégories d’art que j’adore et admire. Je peux rester des heures devant une mosaïque. Afin de donner une idée de ce à quoi pouvait ressembler un intérieur roman, ils ont utilisé le numérique et toutes les possibilités qu’il peut offrir en proposant des reconstitutions avec les mosaïques au sol et la projection sur les murs des décors qui ont été retrouvés lors de fouilles. Ou bien, à partir des fragments de peintures murales retrouvées, de recomposer via la projection, l’entièreté du décor…

Le Musée de la Romanité présente une véritable diversité des dispositifs numériques. Peut-être trop à mon goût et, au final, je ne garde en souvenir que trois en particulier qui m’ont réellement intéressant et qui augmentent l’expérience de visite en apportant des informations complémentaires ou de manière plus claire. Le reste ne m’a pas marqué, parfois même, il était en trop.

Le jour où j’ai croisé la route de l’oeuvre d’art qui m’a laissé sans voix

Le monde de la culture m’a toujours passionné et j’ai quitté le confort d’une filière qui pouvait m’offrir plus de débouchés pour aller étudier l’Histoire de l’art et la culture. Depuis des années, je lis énormément et je partage autour de cette passion sur différents blogs. J’ai commencé à aussi élargir mes horizons en publiant autour de la musique en parlant d’artistes, d’albums, mais également de cinéma et de séries. Pourtant, je n’ai jamais osé parler d’art, de musées et d’expositions, alors qu’il s’agit également d’une grande partie des mes centres d’intérêt et mes études. Or, j’ai envie d’explorer cette partie également.

J’avais donc envie de vous parler du jour où j’ai rencontré une oeuvre d’art qui m’a totalement laissé bouche bée, qui m’a profondément marqué. Pourtant, des peintures, des sculptures ou des installations, j’en ai vu un certain nombre. J’ai pu avoir pour moi toute seule pendant de longues minutes Les époux Arnolfini de Jan van Eyck au British Museum. C’est un de mes tableaux préférés. J’admire énormément les prouesses techniques du peintre : le détail du miroir, les textiles et les bijoux, la manière dont les surfaces se reflètent… Le voir m’a procuré énormément de plaisir, celui de ne plus seulement l’apprécier à travers des photographies. Cependant, je ne pourrais pas dire que j’ai été profondément chamboulée par ce portrait.

Pourquoi ? J’étais tout de même ravie de pouvoir le voir, enfin. Je n’ai, cependant, pas été laissé sans voix. Je me rend compte que l’oeuvre d’art qui m’a abasourdi a eu cet effet sur moi dans la mesure où l’effet de surprise a beaucoup joué. C’est une rencontre imprévue qui renforce peut-être le côté bouleversant. Il peut être esthétique, par le message qu’il véhicule… Les raisons sont vraiment personnelles.

Le Centre Pompidou de Metz propose une saison japonaise qui met en avant la création contemporaine du pays. Ce fut un cycle intéressant qui a proposé une introduction à l’architecture de l’après Seconde Guerre mondiale, une rétrospective absolument incroyable sur le collectif Dumb Types qui m’a fasciné, des artistes contemporains comme la créatrice de mode Comme des garçons, des artistes vidéastes… Ils ont proposé des choses vraiment très différentes. Cependant, l’objet de ce billet n’est pas de parler de cette exposition, mais de cette oeuvre d’art qui, pour le moment, m’a le plus marqué dans ma vie.

Un peu cachée dans l’exposition, il y avait une installation de l’artiste japonaise Yayoi Kusama, connue pour ses Infinity Mirror Room. Elle a fait plusieurs variations de cette idée. Celle qui a été prêtée par la ville de Nancy s’intitule Fireflies on the water. L’oeuvre joue avec les miroirs et l’eau pour créer une impression d’infini. Se rajoutent différentes petites lumières, avec des couleurs très chaleureuses. De la voir pour la première fois m’a coupé le souffle. Cette rencontre inattendue m’a énormément marqué dès les premières secondes où j’ai mis les pieds dans cette pièce.

Cette impression d’infini et toutes ces petites lumières m’ont donné l’impression d’évoluer au milieu des étoiles. Loin de m’effrayer, c’était un émerveillement enfantin. Je retrouvais mon âme d’enfant et plus rien d’autre que ce sentiment d’être au milieu de l’univers. Je me sentais apaisée. Les Infinty Mirror room peuvent être des endroits où nous réfléchissons à notre place dans l’univers, ce qui est aussi la volonté de l’artiste. Pour ma part, je me suis sentie à ma place.

J’entendais souvent des personnes qui racontait leurs expériences, leur rencontre avec une oeuvre qui les a profondément touché. Or, je ne les comprenais pas réellement, car je n’avais jamais rien vécu de tel. Pourtant, j’avais pu en voir des oeuvres et de différentes sortes. Je les regardais sûrement avec le regard d’une étudiante en histoire de l’art. Je regardais l’iconographie, les symboles et les messages de l’artiste, sa technique. Cependant, je laissais de côté les sentiments et c’est peut-être ce qui m’empêchait aussi d’apprécier une oeuvre dans son entièreté. Ne connaissant rien à l’art contemporain japonais, j’étais plus dans un esprit de surprise. Yayoi Kusama signe ici une de plus belles oeuvres d’art que j’ai pu voir.

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