Marina et Sergueï Diatchenko • Les Métamorphoses, Numérique (2021)

Les Métamorphoses, Numérique • Marina & Sergueï Diatchenko • 2021 • L’Atalante • 416 pages

Testeur de jeux vidéo d’une nouvelle génération ? Une aubaine pour Arsène, ce gamer surdoué d’à peine quinze ans. Mais, ce job en or, il n’est pas le seul à y postuler et la compétition sera rude.

Tout cela pour le compte de l’insaisissable Maxime, dont les desseins sont ambigus. Pur charlatan ? Aimable manipulateur ? Visionnaire d’un monde virtuel à venir ? Ou plus déconcertant encore ? « Je transfigure le matériel en immatériel et inversement. »

Entre désir et réalité, demi-vérités et faux-semblants, entre virtuel et réel, Arsène apprend à naviguer d’un monde à l’autre, là où les frontières s’estompent. Mais pour aller où ? L’enjeu est rien moins qu’innocent.


L’année dernière, j’ai découvert Marina et Sergueï Diatchenko, deux auteurs ukrainiens avec Vita Nostra, le premier tome d’un triptyque intitulé Les Métamorphoses. Ils s’inspirent de l’oeuvre éponyme d’Ovide. Après un premier roman orienté vers la magie, Numérique se tourne vers les jeux en ligne.

C’est un univers qui m’a tout de même moins plu que Vita Nostra. Je suis un peu plus charmée par des mondes proches de la magie que les jeux vidéos. Néanmoins, je conviens que les auteurs offrent un univers incroyable. Il est très bien développé et même pour une néophyte dans ce domaine, comme moi. Je n’ai pas eu de difficultés à me plonger dans ce roman et à suivre les aventures d’Arsène. Certes, le monde dans lequel il évolue est étoffé et technique, mais les explications données sont simples et je ne me suis pas sentie perdue.

Par ailleurs, j’ai trouvé absolument brillante la manière dont s’opère progressivement le glissement vers l’étrange. La quatrième de couverture évoque les films Matrix et il y a de cela, en effet, dans ce roman. Les frontières entre le monde numérique et la réalité se brouillent et, comme Arsène, le lecteur ne s’est plus si ce qu’il vit relève du jeu ou de la réalité. L’atmosphère devient petit à petit plus anxiogène. Comme le personnage principal, on se sent pris au piège entre deux mondes, et il n’y a aucun choix possible entre l’un ou l’autre.

Le basculement est inattendu. Pendant quelques chapitres, j’ai attendu le moment où la vie d’Arsène allait être définitivement bouleversée. Il arrive de manière subtile. Une seule petite phrase au moment parfait nous fait comprendre que la métamorphose a commencé. J’ai dû la lire plusieurs fois pour être certaine d’avoir bien compris.

Le style d’écriture des Diatchenko est vraiment époustouflant. C’est un véritable régal de les lire. Ils débordent d’imagination et la plume est également au rendez-vous, même avec deux univers différents. Ils nous propulsent à chaque fois entre rêve et réalité. La métamorphose du personnage principal est toujours au coeur de l’intrigue. Dans Numérique, celle-ci est celle de l’homme en machine ou ordinateur, dans une réécriture moderne des Métamorphoses d’Ovide. Le style est dynamique avec un emploi parfait des mots pour rendre compte des idées de l’auteur.

J’ai eu un peu plus de mal à accrocher avec le personnage d’Arsène que la jeune femme du premier tome. Je me suis sentie plus proche d’elle. Elle a envie de faire ses preuves, de montrer qu’elle peut être la meilleure. Arsène est un adolescent de quatorze ans, passionné par les jeux vidéos. Il est quelque peu éloigné de mes préoccupations. Cependant, il reste un personnage intéressant à suivre.

Numérique est un deuxième tome dans la lignée du premier, mais ce n’est pas le coup de coeur, comme pour Vita Nostra. Toutefois, c’est une excellente lecture.

Philippe Sands • The Ratline: Love, Lies, and Justice on the trail of a Nazi fugitive (2020)

The Ratline: Love, Lies, and Justice on the trail of a Nazi fugitive • Philippe Sands • 2020 • W&N • 411 pages

As Governor of Galicia, SS Brigadeführer Otto Freiherr von Wächter presided over an authority on whose territory hundreds of thousands of Jews and Poles were killed, including the family of the author’s grandfather. By the time the war ended in May 1945, he was indicted for ‘mass murder’. Hunted by the Soviets, the Americans, the Poles and the British, as well as groups of Jews, Wächter went on the run. He spent three years hiding in the Austrian Alps, assisted by his wife Charlotte, before making his way to Rome where he was helped by a Vatican bishop. He remained there for three months. While preparing to travel to Argentina on the ‘ratline’ he died unexpectedly, in July 1949, a few days after spending a weekend with an ‘old comrade’.

In The Ratline Philippe Sands offers a unique account of the daily life of a senior Nazi and fugitive, and of his wife. Drawing on a remarkable archive of family letters and diaries, he unveils a fascinating insight into life before and during the war, on the run, in Rome, and into the Cold War. Eventually the door is unlocked to a mystery that haunts Wächter’s youngest son, who continues to believe his father was a good man – what happened to Otto Wächter, and how did he die?


Philippe Sands est un auteur anglais d’essais historique que j’aime beaucoup. East West Street m’avait énormément marqué par le sujet et le style d’écriture. The Ratline a atterri tout de suite dans ma wish-list. J’ai mis un peu de temps avant de le découvrir, et je l’avoue qu’il ne m’a pas autant passionné que le premier.

Le livre évoque les filières d’évasion des hauts dignitaires nazis vers l’Amérique du Sud en prenant l’exemple d’Otto (von) Wächter, ancien gouverneur du district de Cracovie. C’est un sujet sur lequel je n’ai jamais lu et Philippe Sands est un excellent auteur pour commencer à aborder le sujet. J’apprécie sa manière d’écrire, qui est très personnelle. Il puise toujours son inspiration dans son histoire familiale. Les recherches historiques qu’il mène sont toujours extrêmement poussés, riches. Il a accès aux archives familiales des personnes dont il parle. Il interroge les principaux concernés pour confronter différents points de vue. C’est passionnant, même dans celui-ci.

Le livre fait référence à un documentaire, What our fathers did, datant de 2015. Je l’ai vu sur Netflix, mais il n’est malheureusement plus disponible. Il m’avait énormément marqué. Dans ce dernier, deux enfants d’anciens hauts gradés SS qui ont commis des meurtres de masse dans les territoires dont ils avaient la chargé évoquent leurs pères et la manière dont ils les perçoivent. Il est question de savoir s’ils arrivent à leur pardonner, à comprendre leurs actions… Il s’agit des fils de Hans Frank, Niklas Frank, et Horst Wächter, le fils d’Otto Wächter. Leurs positions sont diamétralement opposées.

Dans The Ratline, la première partie évoque ce documentaire, quand il a été filmé, ces deux hommes. Tout simplement, Philippe Sands les a rencontré, car il a participé au tournage. Le fait de connaître déjà en partie ce dont l’auteur parle a eu un impact sur la manière dont j’ai perçu ce roman. En effet, j’ai trouvé ces chapitres quelque peu ennuyants, et j’avais l’impression qu’il s’éloignait du sujet initial, celui des filières d’évasion. Il y a vient, mais un peu trop tardivement à mon goût. J’aurai aimé qu’il y vient plus rapidement au coeur du sujet.

Après, c’est un essai qui se laisse lire. Tout simplement, par le style d’écriture de l’auteur qui est intéressant et dynamique. Il mêle sa méthodologie de travail, la manière dont il mène ses recherches, avec des réflexions personnelles, de la documentation historique, ses relations avec les deux hommes avec ses hauts et ses bas… Il ne cache rien des difficultés qu’il rencontre, par exemple.

Ce n’est pas le coup de coeur que j’espérais, mais cela reste un excellent ouvrage avec un sujet passionnant et très bien documenté. Les propos ou réflexions de l’auteur sont toujours de qualité. Je les recommande, que ce soit The Ratline ou East West Street. Le livre a été traduit en français sous le titre La Filière.


Pour aller plus loin,

• Ma chronique sur East West Street : lien

• Une émission de France Culture sur cet essai historique : lien

Kendare Blake • All these bodies (2021)

All these bodies • Kendare Blake • 2021 • Quill Tree Books• 304 pages

Summer 1958—a string of murders plagues the Midwest. The victims are found in their cars and in their homes—even in their beds—their bodies drained, but with no blood anywhere. 

September 19- the Carlson family is slaughtered in their Minnesota farmhouse, and the case gets its first lead: 15-year-old Marie Catherine Hale is found at the scene. She is covered in blood from head to toe, and at first she’s mistaken for a survivor. But not a drop of the blood is hers.

Michael Jensen, son of the local sheriff, yearns to become a journalist and escape his small-town. He never imagined that the biggest story in the country would fall into his lap, or that he would be pulled into the investigation, when Marie decides that he is the only one she will confess to. 

As Marie recounts her version of the story, it falls to Michael to find the truth: What really happened the night that the Carlsons were killed? And how did one girl wind up in the middle of all these bodies? 


Kendare Blake est une autrice dont j’achète généralement les romans les yeux fermés. J’étais d’autant plus impatiente de lire celui-ci qu’elle semblait revenir à l’horreur. C’est le genre avec lequel je l’ai découverte. All these bodies est malheureusement loin d’être un coup de coeur.

Il s’est montré d’une qualité inégale, tout au long de ma lecture. Il y a eu des passages qui m’ont également beaucoup plu. Ils m’ont fait frissonner et ils avaient un côté inquiétant que je retiens. Ils m’ont rappelé Anna dressed in blood que j’avais adoré. Dans ces moments-là, l’intrigue part au quart de tour et avance à grand pas. Le lecteur sent que des réponses importantes vont être donnés. D’un autre côté, il y a des passages qui présentent des longueurs, et j’avais l’impression de tourner en rond. L’enquête stagne et aucun élément de réponse n’est apportée. C’est surtout ce dernier sentiment qui a triomphé en refermant le livre.

J’ai aussi été frustrée par la manière dont l’enquête est menée, plus particulièrement vers la fin. Un des personnages apportent de nouvelles informations, dont certaines font office de véritables révélations. Pourtant, elles sont loin d’avoir été exploitées, autant qu’elles l’auraient mérité. Elles apportent un coup de fouet à l’intrigue qui piétinait quelque peu.

La fin arrive trop vite et elle est d’autant plus frustrante que je n’ai pas l’impression d’avoir eu des réponses à toutes mes questions. J’en avais même un peu plus. Les dernières pages laissent un arrière goût d’inachevé qui m’a déplu.

Il y a tout de même du positif et cela grâce aux personnages. J’ai aimé la relation entre Michael et Marie. Elle n’est pas aussi saine qu’elle en a l’air. Il y a certes de l’amitié entre eux, mais aussi de la manipulation. Chacun a des intérêts personnels dans cet interrogatoire. Marie essaie de gagner du temps et Michael espère que cette histoire lui ouvrira les portes d’un programme dans le milieu du journalisme. J’attendais avec impatience ces passages, car ils font notamment avancer l’intrigue. Par ailleurs, Marie est un personnage intéressant avec un côté fascinant et le lecteur sent qu’il faut tout de même se méfier d’elle.

All these bodies n’est pas le coup de coeur que j’espérai. Je suis vraiment déçue par le tournant qu’a pris le roman, la fin en particulier. Je m’attendais également à ce que l’horreur soit plus présent. Il y a quelques scènes intéressantes, mais elles se comptent sur les doigts d’une seule main.

Joseph O’Connor • Le Bal des Ombres (2019)

Le bal des ombres • Joseph O’Connor • 2019 • Rivages Poche • 430 pages

1878, Londres. Trois personnages gravitent autour du Lyceum Theatre : Ellen Terry, la Sarah Bernhardt anglaise; Henry Irving, grand tragédien shakespearien, puis Bram Stoker, administrateur du théâtre et futur auteur de Dracula. Loin d’une légende dorée où tous les pas mènent vers la gloire, la destinée de Bram Stoker se révèle un chemin chaotique mais exaltant. Dans ce livre inventif, Joseph O’Connor utilise toutes les ressources du romanesque pour donner vie au Londres foisonnant de l’époque victorienne. S’appuyant sur des personnages réels – outre Stoker, Irving et Terry ont aussi marqué leur temps –, il efface les frontières entre fiction et réalité. On croise ainsi le sulfureux Oscar Wilde, l’ombre de Jack L’Éventreur, ou encore… celle de Dracula. 


Ce roman traine dans ma wish-list depuis un moment et un petit tour à la médiathèque où il était mis en avant me l’a rappelé à mon bon souvenir. Je ne connaissais pas cet auteur irlandais autre que de nom et je ne ressors pas du tout convaincu par ce livre. Je l’ai abandonné, car rien n’y faisait, je n’accrochais pas au style de l’auteur.

En effet, le style d’écriture m’a totalement laissé de marbre et m’a également perdu dans l’intrigue. Il change sa manière d’écrire d’un chapitre à l’autre. Certains sont sous forme de journaux intimes, de dialogues comme ceux des théâtres ou d’interviews, de brochures de journaux, ou des passages plus littéraires. C’est déroutant, mais pas autant que les changements de points de vue, de chronologie et de sujets. Cela m’a quelque peu égaré et quand je le mettais trop longtemps de côté, j’avais du mal à rattacher les wagons entre ce que j’avais lu et ce que je lisais. Au bout d’un moment, je n’avais plus la force de faire cet effort.

Pourtant, le roman a de bons arguments. L’intrigue se déroule durant l’époque victorienne. Elle est bien évoquée et retranscrite. L’auteur montre la vie à Londres dans tous ses paradoxes : entre richesse et dénouement le plus total, que le monde du théâtre cristallise parfaitement. La vie et le monde culturel sont largement développer. Joseph O’Connor prend pour personnages principaux l’auteur irlandais Bram Stocker et deux acteurs anglais, Henry Irving et Ellen Terry. Le lecteur peut également croiser Oscar Wilde. J’ai beaucoup aimé cet aspect du roman où la fiction et la réalité se mélangent. De ce point de vue, c’est parfait.

Un autre aspect du livre que j’ai aimé est la manière dont l’auteur fait ressurgir des scènes ou des inspirations de Dracula, le roman de Bram Stocker, qui a connu un succès retentissant malheureusement après la mort de ce dernier. Cette oeuvre serait presque un autre personnage du Bal des ombres et je trouve qu’il y a vraiment des liens avec le titre. Ma relation avec Dracula est faite d’amour et d’ennui profond. Je sais que c’est une oeuvre qui peut réellement me plaire. J’adore les adaptations cinématographiques, les réécritures. Cependant, dès que je le commence, je fais un blocage et n’arrive jamais à dépasser la centaine de pages… J’ai essayé quasiment tous les ans pendant dix ans… Mais depuis que j’ai commencé la lecture audio, cela peut être une bonne manière d’enfin le découvrir entièrement.

Le style de l’auteur est ce qui m’a vraiment rebuté dans ce roman qui avait tout pour me plaire sur le papier : la période historique de ce Londres victorien qui me fascine, le fait de croiser des personnages historiques, tout l’aspect culturel et littéraire présent entre ces pages.

Sorties VO • Mars 2021

It’s 2013, and much of the world still reels from the global economic collapse. Yet in the auction rooms of London, artworks are selling for record-breaking prices. Seeking a place in this gilded world is Martin, a junior specialist at a prestigious auction house. Martin spends his days catering to the whims of obscenely wealthy clients and his nights drinking in grubby pubs with his demoralized roommate. However, a chance meeting with Marina, an old university friend, presents Martin with a chance to change everything.

Pursuing distraction from her failing marriage and from a career she doesn’t quite believe in, Marina draws Martin into her circle and that of her husband, Oleg, an art-collecting oligarch. Shaken by the death of his mother and chafing against his diminishing influence in his homeland, Oleg appears primed to change his own life—and perhaps to relinquish his priceless art collection long coveted by London’s auction houses. Martin is determined to secure the sale and transform his career. But his ambitions are threatened by factors he hasn’t reckoned with: a dangerous attraction between himself and Marina, and half-baked political plans through which Oleg aims to redeem himself and Russia but which instead imperil the safety of the oligarch and all those around him.


Haitian-American Vodou priestess Mambo Reina Dumond runs a healing practice from her New Orleans home. Gifted with water magic since she was a child, Reina is devoted to the benevolent traditions of her ancestors.

After a ritual slaying in the French Quarter, police arrest a fellow vodouisant. Detective Roman Frost, Reina’s ex-boyfriend—a fierce nonbeliever—is eager to tie the crime, and half a dozen others, to the Vodou practitioners of New Orleans. Reina resolves to find the real killer and defend the Vodou practice and customs, but the motives behind the murder are deeper and darker than she imagines.

As Reina delves into the city’s shadows, she untangles more than just the truth behind a devious crime. It’s a conspiracy. As a killer wields dangerous magic to thwart Reina’s investigation, she must tap into the strength of her own power and faith to solve a mystery that threatens to destroy her entire way of life.


Lady Sophia Huntington Villiers is no stranger to intrigue, as her work with Alan Turing’s Bombe Machines at Bletchley Park during the war attests. Her wartime marriage of convenience to Simon Barre, the eighth earl of Camden, granted her the independence she craved and saved his estate. Now, as part of his covert team in postwar Vienna, she uses her charm to uncover a lethal double agent immersed in the world of relics—including the long lost death mask of Mozart. 

Simon is determined to gather any information he can to end the Cold War before it becomes as devastating as the war Britain has just won. He has been secretly in love with Sophie Villiers for years, and their work together in Vienna leads him to hope for genuine romance in their marriage. Until a mission in Prague drives Sophie to a decision that will brand her not only a traitor to her country but also to her husband.

With Sophie’s allegiance in question, Simon is torn between his duty to the crown and saving the woman who might have betrayed his cause and his heart.


In a small, provincial town behind the Iron Curtain, Sasha lives in a house full of secrets, one of which is her own dream of becoming an actress. When she leaves for Moscow to audition for drama school, she defies her mother and grandparents and abandons her first love, Andrei.

Before she leaves, Sasha discovers the hidden war journal of her uncle Kolya, an artist still missing in action years after the war has ended. His pages expose the official lies and the forbidden truth of Stalin’s brutality. Kolya’s revelations and his tragic love story guide Sasha through drama school and cement her determination to live a thousand lives onstage. After graduation, she begins acting in Leningrad, where Andrei, now a Communist Party apparatchik, becomes a censor of her work. As a past secret comes to light, Sasha’s ambitions converge with Andrei’s duties, and Sasha must decide if her dreams are truly worth the necessary sacrifice and if, as her grandmother likes to say, all will indeed be well.


Born into the House of Romanov to the all-powerful Peter the Great and his wife, Catherine, a former serf, beautiful Tsarevna Elizabeth is the envy of the Russian empire. She is insulated by luxury and spoiled by her father, who dreams for her to marry King Louis XV of France and rule in Versailles. But when a woodland creature gives her a Delphic prophecy, her life is turned upside down. Her volatile father suddenly dies, her only brother has been executed and her mother takes the throne of Russia.

As friends turn to foes in the dangerous atmosphere of the Court, the princess must fear for her freedom and her life. Fate deals her blow after blow, and even loving her becomes a crime that warrants cruel torture and capital punishment: Elizabeth matures from suffering victim to strong and savvy survivor. But only her true love and their burning passion finally help her become who she is. When the Imperial Crown is left to an infant Tsarevich, Elizabeth finds herself in mortal danger and must confront a terrible dilemma–seize the reins of power and harm an innocent child, or find herself following in the footsteps of her murdered brother.

Hidden behind a gorgeous, wildly decadent façade, the Russian Imperial Court is a viper’s den of intrigue and ambition. Only a woman possessed of boundless courage and cunning can prove herself worthy to sit on the throne of Peter the Great.


Each summer the girls of Deck Five come back to Marshall Naval School. They sail on jewel-blue waters; they march on green drill-fields; they earn sunburns and honors. They push until they break apart and heal again, stronger.

Each summer Margaret and Rose and Flor and Nisreen come back to the place where they are girls, safe away from the world: sisters bound by something more than blood.

But this summer everything has changed. Girls are missing and a boy is dead. It’s because of Margaret Moore, the boys say. It’s because of what happened that night in the storm.

Margaret’s friends vanish one by one, swallowed up into the lies she has told about what happened between her and a boy with the world at his feet. Can she unravel the secrets of this summer and last, or will she be pulled under by the place she once called home?


In 1999, an elite interdisciplinary team headed by Nobel laureate Andrew Danicek gathered in California to carry out a ground-breaking time-travel experiment. While the rest of the world remained unaware, Julius Caesar was successfully transported from the last day of his life to a specially-constructed covert facility. Four days of conversation with historians and Latin scholars were planned, followed by Caesar’s return to the moment from which he was extracted. But despite the team’s meticulous efforts to maintain secrecy and plan for all possible exigencies, a kidnap attempt plunges Caesar into peril. Fully aware that the future of civilization may hang in the balance, one team member must summon strength she didn’t know she possessed to return Caesar to the Ides of March.


After talking her way into a job with Dan Mansfield, the leading investigative reporter in Chicago, rising young journalist Jules Roth is given an unusual–and very secret–assignment. Dan needs her to locate a painting stolen by the Nazis more than 75 years earlier: legendary Expressionist artist Ernst Engel’s most famous work, Woman on Fire. World-renowned shoe designer Ellis Baum wants this portrait of a beautiful, mysterious woman for deeply personal reasons, and has enlisted Dan’s help to find it. But Jules doesn’t have much time; the famous designer is dying.

Meanwhile, in Europe, provocative and powerful Margaux de Laurent also searches for the painting. Heir to her art collector family’s millions, Margaux is a cunning gallerist who gets everything she wants. The only thing standing in her way is Jules. Yet the passionate and determined Jules has unexpected resources of her own, including Adam Baum, Ellis’s grandson. A recovering addict and brilliant artist in his own right, Adam was once in Margaux’s clutches. He knows how ruthless she is, and he’ll do anything to help Jules locate the painting before Margaux gets to it first.


Anna loves Girls’ Night with her friends. With the kids safely in bed, it’s a chance for the women to let loose, enjoy some wine, and just laugh. But after one lively evening, Anna doesn’t arrive for school drop-off the next morning—or the next, or the next.

Everyone, especially her husband and young son, are frantic with worry but none more so than Grace, her childhood best friend. Grace is certain that someone is hiding the truth about Anna’s unexplained disappearance. As rumors fly and accusations are whispered among neighbors, Grace decides to take matters into her own hands and find out what happened to Anna…or die trying.


By April 1916, the fervor that accompanied war’s outbreak has faded. In its place is a grim reality. Throughout Germany, essentials are rationed. Hope, too, is in short supply. Anna Zeller, whose fiancé, Bruno, is fighting on the western front, works as a nurse at an overcrowded hospital in Oldenburg, trying to comfort men broken in body and spirit. But during a visit from Dr. Stalling, the director of the Red Cross Ambulance Dogs Association, she witnesses a rare spark of optimism: as a German shepherd guides a battle-blinded soldier over a garden path, Dr. Stalling is inspired with an idea—to train dogs as companions for sightless veterans.

Anna convinces Dr. Stalling to let her work at his new guide dog training school. Some of the dogs that arrive are themselves veterans of war, including Nia, a German shepherd with trench-damaged paws. Anna brings the ailing Nia home and secretly tends and trains her, convinced she may yet be the perfect guide for the right soldier. In Max Benesch, a Jewish soldier blinded by chlorine gas at the front, Nia finds her person.

War has taken Max’s sight, his fiancée, and his hopes of being a composer. Yet despite all he’s given for his country, the tide of anti-Semitism at home is rising, and Max encounters it first-hand in one of the school’s trainers, who is determined to make Max fail. Still, through Anna’s prompting, he rediscovers his passion for music. But as Anna discovers more about the conflict’s escalating brutality—and Bruno’s role in it—she realizes how impossible it will be for any of them to escape the war unscathed


1940. In a world newly burning with war, and in spite of her American family’s wishes, Virginia decides to stay in occupied France with her French husband. She’s sure that if they keep their heads down they’ll make it through. But as the call to resist the enemy grows around her, Virginia must decide if she’s willing to risk everything to help those in need.

Nineteen-year-old Violette is a crack shot with an unquenchable spirit of adventure, and she’s desperate to fight the Nazis however she can. When her mother sends her to find an exiled soldier, Violette meets the man who will change her life. Then tragedy strikes, and Britain’s clandestine war organization—the Special Operations Executive—learns of Violette’s dual citizenship and adept firearm handling and starts to recruit her. But Violette is no stranger to loss and must decide whether the cost of defiance is too great a price to pay.


On Crow Island, people whisper, real magic lurks just below the surface. 

Neither real magic nor faux magic interests Annie Mason. Not after it stole her future. She’s only on the island to settle her late father’s estate and, hopefully, reconnect with her long-absent best friend, Beatrice, who fled their dreary lives for a more glamorous one. 

Yet Crow Island is brimming with temptation, and the biggest one may be her enigmatic new neighbor. 

Mysterious and alluring, Emmeline Delacroix is a figure shadowed by rumors of witchcraft. And when Annie witnesses a confrontation between Bea and Emmeline at one of the island’s extravagant parties, she is drawn into a glittering, haunted world. A world where the boundaries of wickedness are tested, and the cost of illicit magic might be death.


Charm is a witch, and she is alone. The last of a line of conquered necromantic workers, now confined within the yard of regrown bone trees at Orchard House, and the secrets of their marrow.

Charm is a prisoner, and a survivor. Charm tends the trees and their clattering fruit for the sake of her children, painstakingly grown and regrown with its fruit: Shame, Justice, Desire, Pride, and Pain.

Charm is a whore, and a madam. The wealthy and powerful of Borenguard come to her house to buy time with the girls who aren’t real.

Except on Tuesdays, which is when the Emperor himself lays claim to his mistress, Charm herself.


She’s an artist whose portraits alter people’s real-life bodies, a talent she must hide from those who would kidnap, blackmail, and worse in order to control it. Guarding that secret is the only way to keep her younger sister safe now that their parents are gone. 

But one frigid night, the governor’s wife discovers the truth and threatens to expose Myra if she does not complete a special portrait that would resurrect the governor’s dead son. Desperate, Myra ventures to his legendary stone mansion. 

Once she arrives, however, it becomes clear the boy’s death was no accident. Someone dangerous lurks within these glittering halls. Someone harboring a disturbing obsession with portrait magic. 

Myra cannot do the painting until she knows what really happened, so she turns to the governor’s older son, a captivating redheaded poet. Together, they delve into the family’s most shadowed affairs, racing to uncover the truth before the secret Myra spent her life concealing makes her the killer’s next victim.


The winter hike is meant to bring their nature group together.
Emily, the sister who never lets her hearing loss hold her back.
Lauren, the sister who always feels a step behind.
Morna, who doesn’t get on with Lauren.
Ben, whose feelings for Emily border on obsession.
Dan, the quiet newcomer to the group.
Kai, who isn’t just on the hike to enjoy the wildlife.
And Alec, the one who knows all their secrets.


Dark Fell Barn is a “perfectly isolated” retreat, or so says its website when Jayne books a reservation for her friends. A quiet place, far removed from the rest of the world, is exactly what they need.

The women arrive for a girls’ night ahead of their husbands. There’s ex-Army Jayne, hardened and serious, but also damaged. Ruth, the driven doctor and new mother who is battling demons of her own. Young Emily, just wed and insecure, the newest addition of this tight-knit band. Missing this year is Edie, who was the glue holding them together until her husband died suddenly.

But what they hoped would be a relaxing break soon turns to horror. Upon arrival at Dark Fell Barn, the women find a devastating note claiming one of their husbands will be murdered. There are no phones, no cell service to check on their men. Friendships fracture as the situation spins wildly out of control. Betrayal can come in many forms.


The Alexandrian Society is a secret society of magical academicians, the best in the world. Their members are caretakers of lost knowledge from the greatest civilizations of antiquity. And those who earn a place among their number will secure a life of wealth, power, and prestige beyond their wildest dreams. Each decade, the world’s six most uniquely talented magicians are selected for initiation – and here are the chosen few…

– Libby Rhodes and Nicolás Ferrer de Varona: inseparable enemies, cosmologists who can control matter with their minds.
– Reina Mori: a naturalist who can speak the language of life itself.
– Parisa Kamali: a mind reader whose powers of seduction are unmatched.
– Tristan Caine: the son of a crime kingpin who can see the secrets of the universe.
– Callum Nova: an insanely rich pretty boy who could bring about the end of the world. He need only ask.

When the candidates are recruited by the mysterious Atlas Blakely, they are told they must spend one year together to qualify for initiation. During this time, they will be permitted access to the Society’s archives and judged on their contributions to arcane areas of knowledge. Five, they are told, will be initiated. One will be eliminated. If they can prove themselves to be the best, they will survive. Most of them. 


When Margaret Welty spots the legendary hala, the last living mythical creature, she knows the Halfmoon Hunt will soon follow. Whoever is able to kill the hala will earn fame and riches, and unlock an ancient magical secret. If Margaret wins the hunt, it may finally bring her mother home. While Margaret is the best sharpshooter in town, only teams of two can register, and she needs an alchemist.

Weston Winters isn’t an alchemist–yet. Fired from every apprenticeship he’s landed, his last chance hinges on Master Welty taking him in. But when Wes arrives at Welty Manor, he finds only Margaret and her bloodhound Trouble. Margaret begrudgingly allows him to stay, but on one condition: he must join the hunt with her.

Although they make an unlikely team, Wes is in awe of the girl who has endured alone on the outskirts of a town that doesn’t want her, in this creaking house of ghosts and sorrow. And even though Wes disrupts every aspect of her life, Margaret is drawn to him. He, too, knows what it’s like to be an outsider. As the hunt looms closer and tensions rise, Margaret and Wes uncover dark magic that could be the key to winning the hunt – if they survive that long. 


Norway, 1942. War rages, and operation Shetland bus is in full swing. Under cover of darkness, Rumi Orlstad and other locals smuggle British agents, fugitives and supplies across the North Sea to the relative safety of Scotland.

But when one mission goes awry, and Rumi’s husband is lost to the dangerous waters, she retreats from the clandestine group, vowing never to take to the seas again.

Meanwhile, her childhood friend Anya has been placed in Lebensborn, one of Himmler’s secret Aryan maternity camps. And when Rumi learns the fate of Anya’s child, she knows she has no choice but to face her fears and help Anya flee from Nazi grip… 


After her eighteenth birthday, Hilde, a former orphan in 1930s Berlin, goes out into the world to discover her place in it. But finding a job is hard, at least until she stumbles into Café Lila, a vibrant cabaret full of expressive customers—and Rosa, the club’s waitress and performer. As the café and all who work there embrace Hilde, and she embraces them in turn, she discovers her voice and her own blossoming feelings for Rosa. 

But Berlin is in turmoil. Between the elections, protests in the streets, and the beginning seeds of unrest in Café Lila itself, Hilde will have to decide what’s best for her future


In the snowbound city of Kiev, wry and bookish history student Mila Pavlichenko organizes her life around her library job and her young son–but Hitler’s invasion of Russia sends her on a different path. Given a rifle and sent to join the fight, Mila must forge herself from studious girl to deadly sniper–a lethal hunter of Nazis known as Lady Death. When news of her three hundredth kill makes her a national heroine, Mila finds herself torn from the bloody battlefields of the eastern front and sent to America on a goodwill tour.

Still reeling from war wounds and devastated by loss, Mila finds herself isolated and lonely in the glittering world of Washington, DC–until an unexpected friendship with First Lady Eleanor Roosevelt and an even more unexpected connection with a silent fellow sniper offer the possibility of happiness. But when an old enemy from Mila’s past joins forces with a deadly new foe lurking in the shadows, Lady Death finds herself battling her own demons and enemy bullets in the deadliest duel of her life.

Samantha Downing • For your own good (2021)

For your own good • Samantha Downing • 2021 • Berkley Books • 320 pages

Teddy Crutcher has won Teacher of the Year at the esteemed Belmont Academy, home to the best and brightest.

He says his wife couldn’t be more proud—though no one has seen her in a while.

Teddy really can’t be bothered with the death of a school parent that’s looking more and more like murder or the student digging a little too deep into Teddy’s personal life. His main focus is on pushing these kids to their full academic potential.

All he wants is for his colleagues—and the endlessly meddlesome parents—to stay out of his way.

It’s really too bad that sometimes excellence can come at such a high cost.


Depuis quelques semaines, je me régale de thrillers qui se situent au sein d’universités, de pensionnats et d’écoles privées. Toutes ces lectures font partie de ma thématique pour 2022, Dangereuses universités. 2021 a vu la publication d’un nombre conséquent d’ouvrages dans ce domaine, et 2022 semble également suivre cette tendance. J’en ai déjà présenté quelques uns et c’est au tour de For your own good qui est un autre coup de coeur.

Pourtant, la manière dont le roman est écrit aurait pu lui faire perdre de points. En effet, Samantha Downing propose une alternance de points de vue entre quelques personnages clés. Elle plonge le lecteur dans leurs plus sombres pensées, nous révélant ainsi leurs secrets inavouables. Finalement, il n’y a pas vraiment de surprise sur ce qui va se passer, mais surtout sur l’identité du coupable. Très rapidement, le lecteur sait qui et pourquoi… Et pourtant, j’ai adoré. Tout simplement, ce ne sont pas les questions les plus importantes du roman.

Malgré cet aspect du roman, je n’ai pas pu le lâcher une seule seconde et j’ai suivi avec beaucoup d’attention les différentes aventures des personnages dans leurs quêtes de vérité, ou de réaliser d’autres meurtres sans se faire prendre. C’est là que réside tout l’intérêt de ce roman, cette course du chat et de la souris : savoir quand, comment et pourquoi l’assassin va se décider à frapper ou se faire définitivement attraper.

La tension et le suspens sont omniprésent dès les premières pages. Ils augmentent progressivement et j’attendais qu’une chose, que la vérité explose en plein jour. Les dernières pages sont prenantes et explosives. Le lecteur va de surprise en surprise. J’ai retenu mon souffle durant les derniers chapitres.

Les personnages jouent beaucoup dans l’appréciation globale de ce roman, malgré la tendance de certains aux meurtres. Teddy est un personnage intéressant, élu meilleur professeur de l’année. En même temps, c’est normal, car il se démène pour ses élèves… Qui ne lui rendent pas autant qu’il le souhaiterait. Il a bien des secrets à cacher avec un petit côté « Harry, un ami qui vous veut du bien« . Il donne à ses élèves d’autres leçons que celles de littérature anglaise. Les autres personnages ont aussi leurs petits secrets et ils ont tous un gros défaut : la cupidité, l’égoïsme, l’arrogance de ce que l’argent peut acheter… Ils ont tous un aspect détestable, mais j’ai adoré suivre leurs péripéties.

Gros coup de coeur pour ce thriller autour d’une école prestigieuse. Je ne connaissais pas du tout cette auteur avant de me lancer dans ce roman, mais si un autre croise ma route, je le lirai avec plaisir.

Blossom Spring Challenge

Le printemps et l’été ne sont pas forcément les saisons qui m’inspirent, que ce soit dans mes lectures ou pour le blog. Je me suis laissée convaincre par Steven du blog Maven Litterae de participer à ce challenge saisonnier. Ce dernier est proposé par le Boudoir Bibliothèque et il se déroule du 1 mars au 31 mai 2022.

Comment valider le challenge ?

Je mets la barre haute pour cette première participation en essayant de réaliser l’objectif Bookworm, lire les trois catégories de chaque menu.

Quels sont les quatre menus et les livres que j’ai prévu de lire ?
Pour Printemps florissant,
  • Un champ de jonquille pour Sandra : Pandora de Susan Stokes-Chapman
  • Le jardin des secrets : La carte des Mendelssohn de Diane Meur
  • Mauvaises herbes : L’oiseau de mauvais augure de Camilla Lackberg
Pour Escapade printanière,
  • Clip, clap, clip, pluie d’avril : The silence of the girls de Pat Baker
  • L’éveil de la nature : Ermite dans la taïga de Vassili Peskov
  • Voyage à Craig Na Dun : La mort s’invite à Pemberley de P.D. James
Pour Lapin de Pâques,
  • Le pudding à l’arsenic : Les morsures de l’ombre de Karine Giebel
  • Chasse aux oeufs : Vie et destin de Vassili Grossmann
  • Madeleine de Proust : Au Bonheur des Dames d’Émile Zola
Ajia No Haku
  • Le Shogun de l’empereur : Richard Coeur de Lion, L’ombre de Saladin de Mireille Calmel
  • Yokai, Tengu, Kitsune et autres créatures : Dracula’s Child de J.S. Barnes
  • Contempler les fleurs du Mont Fuji : Le Cycle du Graal, Tome 1 de Jean Markale

L’organisatrice propose également un petit bingo. Cependant, je ne pense pas me concentrer dessus. Je verrai surtout au moment du bilan des trois mois écoulés si certaines catégories sont validées ou non.

Israël Joshua Singer • La famille Karnovski (1943)

La famille Karnovski • Israël Joshua Singer • 1943 • Folio • 768 pages

La famille Karnovski retrace le destin de trois générations d’une famille juive qui décide de quitter la Pologne pour s’installer en Allemagne à l’aube de la Seconde Guerre mondiale. Comment Jegor, fils d’un père juif et d’une mère aryenne, trouvera-t-il sa place dans un monde où la montée du nazisme est imminente?

Publié en 1943 alors que les nazis massacrent les communautés juives en Europe, le roman d’Israël Joshua Singer est hanté par ces tragiques circonstances et par la volonté de démêler le destin complexe de son peuple.


Une de mes bonnes résolutions de 2021 était de découvrir la littérature israélienne ou des auteurs écrivant en hébreu ou yiddish. J’ai commencé ce nouveau voyage par ce roman d’Israël Joshua Singer. Adorant les sagas familiales ayant un fort ancrage dans un contexte historique, La Famille Karnovski me semblait un choix judicieux, qui ne pouvait que me plaire. Il me rappelait quelque peu La Saga Moscovite de Vassili Axionov. Les deux sont des énormes coups de coeur que je recommande.

Le roman s’intéresse à trois générations de Karnovski dans un contexte historique qui va de quelques années avant la Première Guerre mondiale, puis l’auteur évoque l’entre-deux-guerres et la montée du nazisme et le début de la Seconde Guerre mondiale. Ce que j’ai apprécié durant cette lecture est que l’auteur ne donne jamais une date précise. Cependant, les indices, notamment par rapport à certains événements historiques, comme la Nuit de cristal, donnent la temporalité et une idée plus précise du temps qui passe. Ce n’est pas ce qui est le plus important dans ce roman. En effet, l’auteur montre plutôt comment les changements dans la société impacte la famille, la manière dont ils les vivent à la fois à leurs échelles et avec leurs sensibilités propres, mais également à celle de leur communauté. J’ai aussi aimé la manière dont Israël Joshua Singer décrit ce contexte historique mouvant et difficile. J’ai vraiment trouvé qu’à travers les expériences des différents personnages et leurs vécus, on sent celui de l’auteur. Le roman est criant de vérité de ce point de vue.

Il y a trois personnages principaux : David, le patriarche, son fils Georg Moïse et son petit-fils, Jegor. Le point commun entre eux est leur entêtement et opiniâtreté. Ils sont tous les trois extrêmement têtus et persuadés d’être dans le vrai. Après, ils ont des caractères totalement différents, des positions aussi qui diffèrent sur des sujets variés, mais plus particulièrement sur leur conception de la foi juive. Ce qui amènent des conflits au sein de la famille, car ils réagissent selon leurs sensibilités, mais aussi dans le contexte historique dans lequel ils ont grandi. Encore une fois, le lecteur peut voir comment l’histoire donne des caractères, des conceptions différentes au sein d’une même famille. Néanmoins, ce sont trois personnages attachants.

David m’a plu par sa volonté de s’intégrer à tout prix au sein de sa nouvelle communauté à Berlin, mais également de garder et d’inculquer les valeurs de sa foi à ses descendants. Son fils, Gregor Moïse est un célèbre chirurgien allemand qui m’a étonné par sa résilience, le courage de trouver sa propre voie, d’accepter les changements et d’émigrer. Cependant, c’est le fils de ce dernier, Jegor, qui m’a le plus touché et bouleversé parmi les trois générations de Karnovski. Il est peut-être le plus complexe d’entre eux. Il grandit au sein d’une famille où son père est juif et sa mère est considérée comme une bonne Aryenne dans un contexte de montée du nazisme et où il est difficile d’être les deux. Il vit une véritable crise d’identité à une période de sa vie qui n’est pas la plus facile, l’adolescence. Je pense que rien que pour ce personnage, il faut lire ce roman.

Le roman est très bien écrit, et malgré tout, la tension est au rendez-vous. Les pages se tournent toutes seules, car on s’attache aux personnages principaux, comme secondaires. Le lecteur attend que le drame arrive. Il survient dans les dernières pages et de là provient mon unique petit point de déception concernant ce roman. En effet, la fin est un peu brusque, par rapport au reste de l’intrigue. Le rythme s’accélère énormément dans les dernières pages et l’auteur m’a laissé sur ma faim concernant le destin des différents membres de la famille Karnovski. Même si le livre s’approche des huit-cent pages, je n’aurai pas boudé mon plaisir si l’auteur en avait rajouté une centaine, voire même un peu plus. J’ai quitté les Karnovski avec un pincement au coeur.

Malgré cette petite note finale, le roman a été un énorme coup de coeur. Israël Joshua Singer est un auteur que j’aime beaucoup. J’avais également dans ma bibliothèque un autre roman de lui, une autre saga familiale aussi, Les frères Ashkenazi. J’ai aussi beaucoup aimé, mais pas un énorme coup de coeur comme pour La famille Karnovski.

Liza Wiemer • The Assignment (2020)

The Assignment • Liza Wiemer • 2020 • Delacorte Press • 336 pages

SENIOR YEAR. When an assignment given by a favorite teacher instructs a group of students to argue for the Final Solution, a euphemism used to describe the Nazi plan for the genocide of the Jewish people, Logan March and Cade Crawford are horrified. Their teacher cannot seriously expect anyone to complete an assignment that fuels intolerance and discrimination. Logan and Cade decide they must take a stand. As the school administration addressed the teens’ refusal to participate in the appalling debate, the student body, their parents, and the larger community are forced to face the issue as well. The situation explodes, and acrimony and anger result. What does it take for tolerance, justice, and love to prevail?


The Assignment est le premier roman de Liza Wiemer que je lis et je suis impressionnée. C’est un livre que j’ai beaucoup aimé, qui m’a fait énormément réfléchir sur un sujet historique, mais également d’actualité. L’auteur s’inspire d’une histoire vraie, et ce roman m’a fait penser à La Vague de Todd Strasser. Les sujets sont proches : il s’agit d’un devoir qui a été donné par un enseignant et qui va canaliser les tensions au sein d’une communauté (souvent un lycée et une ville) avant de faire la Une des journaux nationaux.

C’est aussi le point de départ de The Assignment. Logan et Cade, les deux personnages principaux; se voient obligés par un de leurs enseignants. de réfléchir autour de la Conférence de Danse, puis de la rejouer… En se mettant à la place des nazis qui y étaient. Liza Wiemer met dès les première pages le lecteur au pied du mur. Et vous, comment auriez-vous réagi face à un tel devoir ?

Logan et Cade sont convaincus dès le début que cet exercice à rendre est moralement et ethniquement condamnable. Ils ont raison, car, rapidement, au sein de leur classe des dérives se font déjà voir par des réflexions ou le salut nazi. Pour moi, ces deux adolescents ont eu raison de s’élever contre ce devoir. En revanche, je les admire d’avoir osé dénoncer leur professeur et ce qu’il leur est demandé de faire. J’étais entièrement d’accord sur le caractère immoral de ce débat. En revanche, j’avoue que je ne sais pas si j’aurai eu le même courage qu’eux d’aller jusqu’au bout, jusqu’au niveau national comme ils l’ont fait.

Ce sont vraiment deux jeunes gens courageux, qui ont la force de leur conviction, de ce qui est juste ou non. Néanmoins, l’auteur ne nous propose pas non plus des personnages absolument parfaits en tout point, bien au contraire. Elle leur donne beaucoup de nuances. Malgré tout, ils ont aussi des des doutes jusqu’où ils sont prêts à aller, en voyant la réaction de la ville… Malgré leur jeune âge, j’ai vraiment vu en eux des modèles que les jeunes lecteurs peuvent suivre. En tant qu’adulte, j’aimerais, tout comme eux, avoir la force et le courage d’affirmer haut et fort mes convictions et de ne plus les garder seulement pour moi.

Liza Wiemer donne aussi la place à d’autres points de vue que ceux de Logan et Cade. Il y a aussi des élèves qui, comme moi, ont les mêmes convictions sur ce devoir, mais qui n’ose l’exprimer. J’ai apprécié le fait qu’elle ne portait sur eux aucun jugement négatif. Elle laisse aussi la parole à l’enseignant qui peut ainsi exprimer son point de vue. Cela donne une certaine force au roman. En effet, le lecteur a toutes les cartes en main pour nourrir sa propre réflexion.

The Assignment est un roman fort parlant d’identité, d’antisémitisme, de moralité et d’éthique avec beaucoup de sincérité et d’honnêteté. C’est un livre à mettre entre toutes les mains, car il aborde un sujet important et malheureusement encore d’actualité. Pour ma part, il a été un véritable coup de coeur. Il est parfaitement écrit, et le sujet est maîtrisé. Tout comme La Vague, il fait partie des indispensables à lire et j’espère qu’il sera traduit en français très prochainement.